Les personnes déplacées de la base M’Poko sommées de déguerpir le camp dans 48 heures

Les personnes déplacées de la base M’Poko sommées de déguerpir le camp dans 48 heures

 

Situation confuse à la base de MICOPAX de M’Poko à Bangui. Les quelques centaines des personnalités qui y ont trouvé refuge pour fuir les représailles des éléments de la coalition rebelle Séléka qui a pris le pouvoir le 24 mars dernier à Bangui, n’ont que 48 heures pour déguerpir ce camp militaire. La décision a été notifiée individuellement aux concernés par l’Etat-major de la MICOPAX.

« Le Commandant de la FOMAC a le regret de vous informer qu’il ne pourra plus continuer désormais à vous héberger au camp, suite au renforcement des effectifs opérationnels qui seront logés. Un délais de 48heures vous est accordé pour quitter le camp à compter de la date de signature de la présente notification », mentionne la Notification signée du Général de Brigade NGOIE Prosper, Chef d’Etat-major de la Force.

Les déplacés sont pour la plupart des personnalités ayant occupé de hautes fonctions de l’Etat sous le régime du président déchu François Bozizé, des officiers de l’Armée Centrafricaine, des responsables des partis politiques proches du KNK, des dignitaires et autres proches de l’ancien chef d’Etat qui craignaient pour leur sécurité.

« Nous venons de recevoir des notifications nominatives, nous demandant de partir dans un délai de 48 heures à compter du 12 juillet, date de la signature de ladite notification. Pourtant, on veut être à l’abri de tout danger. Nous voulons seulement la sécurité. Nous ne pouvons pas partir d’ici tant que notre sécurité n’est pas assurée », s’inquiète Sylvestre ZAMA, Député KNK de Kaga-Bandoro2, l’un des réfugiés.

Selon Joseph Bindoumi, Président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH) qui sortait d’un tête-à-tête avec le chef d’Etat-major au sujet de cette affaire, plusieurs raisons sont à la base de cette décision commune Gouvernement-Fomac. Il cite entre autres « l’engagement du Chef de l’Etat et du Général Ibrahim de la Séléka à assurer la sécurité des déplacés qui regagneront leur domicile respectif, le choix d’un autre site pouvant les abriter et dont le HCR se dit en difficultés de budget, le manque de budget pour la prise en charge alimentaire des déplacés, les missions militaires de sécurisation des nations qui ne partagent pas le même toit avec des personnes déplacées, le renforcement des effectifs opérationnels des forces de la CEEAC, la liberté de certains hauts cadres nommés à des fonctions de responsabilité et qui ne sont pas inquiétés, l’organisation des réunions politiques au sein du camp qui indisposent les responsables de la FOMAC ».

Une autre source interne à la Fomac indique qu’ « on ne peut continuer d’assurer la sécurité des gens qui sont continuellement dehors, qui passent toute leur journée et toute leur nuit en dehors du camp… c’est dire que leur sécurité n’est finalement pas menacée. Et donc il n’ya pas d’intérêt qu’ils continuent de rester à l’intérieur du camp »

Cette situation qui, visiblement crée la psychose au sein des déplacés, les oblige à saisir leurs Conseils particuliers, la Ligue des Droits de l’Homme, le Haut Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés (HCR), le BINUCA, les Ambassades et d’autres organisations de Défense des Droits de l’Homme pour prévenir tout risque de menace à leur sécurité.

Du côté des déplacés, cette décision n’est pas la bienvenue : « lors de plusieurs sensibilisations, les autorités du BINUCA se sont dites opposer à toute expulsion des déplacés sans l’avis de ladite institution sur la situation sécuritaire dans le pays. Aussi, nous nous réalisons que, le Chef de Base de la FOMAC fait de notre expulsion un problème personnel car cet officier nous a réitéré en public que les déplacés partiront du camp avant la fin de son mandat », s’est exclamé en  sango le Général Gilles Bernard Ouandé, ancien Chef d’Etat-major sous le régime de François Bozize au reporter de radio Ndeke-Luka.

Selon les intéressés, les expulsions commenceraient par les cadres les plus influents, en l’occurrence les Généraux de l’Armée et les cadres civils. Pour eux, « notre sortie du camp devrait être officielle, c’est-à-dire en présence des organisations internationales et représentations diplomatiques. Nous ne sommes pas prêts à sortir pour servir d’holocaustes aux forces prétendues incontrôlées du régime ».