Mahamat Kamoun, nouveau Premier ministre de transition en Centrafrique

Mahamat Kamoun, nouveau Premier ministre de transition en Centrafrique

La présidente de la République Catherine Samba-Panza a nommé dimanche le nouveau Premier ministre de transition en remplacement du technocrate André Nzapayéké. Il s’agit du Ministre d’Etat Mahamat Kamoun, son actuel Directeur de cabinet et Conseiller Spécial. Mahamat Kamoun, 23ème Premier ministre centrafricain. Le décret a été lu, dimanche en début d’après midi, à la radio d’Etat par le porte-parole de la présidence.

Selon le porte-parole, « la décision fait suite aux consultations des forces vives de la Nation du 06 au 08 août en concertation avec la communauté internationale et le Médiateur dans la crise centrafricaine le congolais Denis Sassou Ngesso ».

De religion musulmane et proche de Michel Djotodia actuel président de l’ex rébellion Séléka, Mahamat Kamoun, 53 ans, devient le 3è Premier ministre de la transition instaurée depuis le 24 mars 2013 en Centrafrique.

Fonctionnaire des régies financières, Mahamat Kamoun, a occupé plusieurs postes de responsabilités au ministère des Finances où il a servi comme Inspecteur des finances, Directeur général de budget et Directeur général du trésor public.

La nomination de Mahamat Kamoun à la primature reste diversement appréciée au sein des diverses couches sociales à Bangui.

La toute première opposition à ce choix surgit au sein de l’ex-coalition Séléka. L’Etat major de cette ancienne rébellion se dit indigné par ce choix. « Seleka est une coalition et non une cooptation de famille. Même si Kamoun a un lien de parenté avec le président Djotodia, il est de loin l’émanation de la base », a réagit Ahamat Nedjiad Ibrahim, porte-parole de Séléka.  

Ahamat Nedjiad Ibrahim, affirme que l’ex-Seleka reste attachée à l’accord de N’Djamena qui stipule que le Premier ministre devrait être issu de ses rangs. «  Nous sommes surpris et franchement nous sommes contre parce que pour nous, ce n’est pas la personne qu’il faut. Mahamat Kamoun n’est pas Séléka. Nous attendons que la Présidente applique les accords de Ndjamena de janvier 2014. Nous prévenons aussi toute personne qui entrerait dans le gouvernement au nom de Séléka », a insisté le porte-parole.

Par contre, ce choix est salué dans le milieu Antibalaka. Pour le porte-parole Brice Emotion Namsio, « un tel choix devra éviter à la RCA de tomber dans un nouveau chao. »

Une autre réaction favorable à la nomination de Mahamat Kamoun.  La formation politico-militaire Mouvement des Libérateurs Centrafricains pour la Justice (MLCJ), un des signataires de l’accord de Brazzaville, reconnait que Mahamat Kamoun dispose des compétences requises pour cette responsabilité. Des compétences autour desquelles le peuple doit se mobiliser pour conduire la RCA vers sa destinée. 

« La majorité des Centrafricains reconnaissent les potentialités de cette figure politique plusieurs fois nommé à de hautes responsabilités en Centrafrique. La communauté internationale ne connait pas tous les Centrafricains. Nous pouvons faire confiance en ses compétences, son efficacité et sa clairvoyance dans la gestion des affaires publiques », a fait savoir Eloge Koï, Secrétaire général du MLCJ.

Le choix d’un PM musulman ou issu des rangs de Seleka était la condition posée par ce mouvement rebelle en janvier dernier dans la capitale tchadienne pour céder le pouvoir à Samba-Panza. Ce même scénario se serait répété à Brazzaville où l’ex-rébellion avait boycotté les discussions pour ensuite signer in extremis l’accord de sortie de crise suite à l’intervention du médiateur congolais, Sassou Nguesso.

La société civile centrafricaine ne s’est pas non plus montrée totalement favorable au choix de Kamoun. « Nous souhaitons que ce soit quelqu’un d’autre que monsieur Kamoun. Il était directeur de cabinet de Michel Djotodia, et donc l’échec de Djotodia est son échec. Mais s’il peut parvenir à unifier toutes les parties en conflit dans le pays, on n’aura pas d’objection à faire », a confié Gervais Lakosso, président du Groupe de travail de la société civile centrafricaine.

A Bangui, l’homme de la rue salue cette nomination. Beaucoup déclarent que le temps n’est plus à la contestation. « Nous attendons de voir le nouveau premier ministre relever les défis du rétablissement de la paix et de la sécurité, la réconciliation nationale et la relance des activités économiques et administratives sur  l’ensemble du territoire centrafricain », ont-ils souhaité.