Insécurité et gestion des fonds publics : le gouvernement s’explique

Insécurité et gestion des fonds publics : le gouvernement s’explique

Accusé de malversations financières et d’incapacité à faire face à la recrudescence des actes de violence dans la capitale, le gouvernement centrafricain s’explique devant le Conseil national de transition (CNT), le parlement provisoire.

Mercredi, devant l’hémicycle, le Premier ministre Mahamat Kamoun a nié qu’une partie de l’aide financière accordée par l’Angola ait été détournée.

En mars dernier, Luanda avait accordé un don d’environ 10 millions de dollars soit plus de cinq milliards de francs CFA  au gouvernement centrafricain.  « Beaucoup a été dit et écrit sur ce don de l’Angola,  notamment sur la moralité de l’utilisation qui a en été faite (…)  La vérité est qu’il n’en est rien, absolument rien », a plaidé le Premier ministre, face aux députés de transition.

Le chef du gouvernement a cependant reconnu « un problème de procédure qui n’engage en rien la moralité de la gestion du don angolais ».

Les membres du CNT ont posé plusieurs questions. Pourquoi la totalité de l’argent n’a-t-il pas transité par le trésor public ? Pourquoi la justification des dépenses a-t-elle été faite par le directeur de cabinet de la présidence ?

Pour le parlementaire Jean-Baptiste Koyassambia, les règles en vigueur en matière de comptabilité publique, n’ont tout simplement pas été respectées. Pour sa part, Gaétan Moloto A Kénguémba, a ouvertement accusé l’exécutif de détournement de fonds publics. Les conseillers Fernand Mandé-Ndjapou, Jean- Michel Mandaba et Vincent Mamba-Chaka sont allés plus loin, en exigeant la démission du Premier ministre, qui était alors conseiller spécial de la présidente Catherine Samba-Panza.

En dépit de ces graves accusations, le Premier ministre a assuré le CNT que son gouvernement pouvait encore compter sur la confiance de ses partenaires. « Dans une semaine, une importante mission du Fonds monétaire international est attendue à Bangui pour faire l’évaluation » des programmes définis en accord avec la Centrafrique, a-t-il annoncé. Mahamat Kamoun a ajouté qu’une réunion du Groupe international de contact sur la Centrafrique allait se tenir à la fin du mois pour faire le point de la situation et enclencher la recherche de financements additionnels.

S’agissant de l’insécurité, il a reconnu une recrudescence des actes de violence depuis le 7 octobre, une situation qu’il a imputée, sans autre indication, aux « ennemis de la paix ». « Le bilan provisoire sur le plan humain s’élève à une dizaine de morts et plus de 3500 déplacés internes », a-t-il dit, tout en soulignant que « la nouvelle campagne de violence est savamment orchestrée et vise à déstabiliser le gouvernement de transition ».

Comment alors faire face à ce regain de violence ? Certains parlementaires de transition, dont Léa Koyassoum-Doumta, vice-présidente du CNT, ont demandé la réhabilitation des Forces armées centrafricaines (FACA), qui selon eux, maitrisent le terrain. D’autres, comme Laurent Gomina Pampali, ont souhaité que le général Babakar Gaye, représentant du secrétaire général de l’ONU et patron de la Minusca, soit invité au parlement pour des éclaircissements.