2 ans au pouvoir de Touadera, un bilan à mi-parcours diversement apprécié

2 ans au pouvoir de Touadera, un bilan à mi-parcours diversement apprécié

  C’est une valse de réactions qui se déchainent sur la célébration, ce 30 mars du deuxième anniversaire de l’accession au pouvoir de l’actuel Président Faustin Archange Touadera. Dans une interview accordée à la presse centrafricaine ce 30 mars, le chef de l’Etat présente lui-même ce jour non pas comme « l’anniversaire d’un pouvoir mais un point de repère pour tout le monde ».

Dans le pays, plusieurs manifestations sont organisées pour célébrer ce deuxième anniversaire sur fond de « réussite », comme l’ont présenté les partisans du pouvoir.

An 2, « rien à commémorer »

Le Parti Africain pour une Transformation Radicale et l’Intégration des Etats (PATRIE) de Crépin Mboli-Goumba balaie d’un revers de la main, ce que le pouvoir de Bangui présente comme des « signaux positifs », indiquant « qu’il n’y a rien à commémorer. C’est un bilan triste, l’espérance s’est envolée ».

Le Président du PATRIE estime que « le Président Touadéra croit à tord qu’il est train de réussir. Aujourd’hui, il fait fausse route », avant de l’inviter à « poser le bon diagnostic pour apporter la bonne thérapie ».

Crépin Mboli-Goumba martèle par ailleurs que « les tee-shirts qui pullulent subitement dans les artères mal entretenues de notre capitale sont une sorte de manque de respect vis-à-vis des compatriotes qui vivent dans l’arrière-pays ».

Sentiment partagé par le chef de file de l’Opposition et Président du parti URCA, Anicet Georges Dologuélé qui indique que les 2 années au pouvoir du Pr Touadera « sont entachées de failles ».

Selon lui, « 2 millions d’habitants ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire pour survivre, 600 milles centrafricains fuyant les violences vivent à l’étranger, 40% d’élèves ne peuvent plus aller à l’école, 14 préfectures sont prisonniers des groupes armés dont le nombre va croissant, des milliers de paysans ne peuvent aller au champs, des artisans miniers deviennent esclaves des groupes armés… »

Tout cela pour brosser un tableau sombre des 2 ans de Faustin Archange Touadera à la magistrature suprême de l’Etat. « Quand j’entends les partisans du pouvoir dire que tout va bien, j’ai l’impression qu’ils ont créé un pays fictif dans leur tête où tout va mieux dans le meilleur des mondes alors qu’il n’en est rien », ajoute M. Dologuélé.

L’économie, un secteur en progrès

L’aspect sur lequel les observateurs de la scène politique centrafricaine pourraient être d’accord reste le secteur de l’économie. La RCA a réussi à conclure avec le Fonds Monétaire International (FMI), 3 revues annuelles et est en négociation dans le cadre de la 4ème revue. Le pays est le « bon élève » du FMI dans la sous-région Afrique Centrale.

Cette positivité constatée dans le secteur de l’économie est saluée par le Président des Petites et Moyennes Entreprises (PME) de la République Centrafricaine. Pour Jean Lebrun, « le bilan est positif sur le plan économique. Le gouvernement a payé une partie des dettes commerciales des opérateurs économiques. Il a amené le RCPCA, le plan de relèvement de l’économie ».

L’insécurité, défi majeur à relever

Si une certaine embellie est tout de même constatée sous l’angle économique, il n’en demeure pas moins vrai que l’insécurité reste un défi majeur pour le gouvernement Centrafricain. Même si 2 bataillons des FACA sont déjà formés grâce à l’appui de l’EUTM, même si le pays peut compter sur un autre appui militaire notamment celui de la Russie, l’insécurité demeure toujours un souci.

Un bref aperçu de ce qui se passe dans les localités de Bambari, Bria, Bangassou, Kaga-Bandoro, Paoua, Mobaye, Markounda, Nanga-Boguila, Koui, Ngaoundaye illustre si besoin en était, cette insécurité qui va crescendo.

Si Anicet Georges Dologuélé se dit « triste de la situation du pays », Crépin Mboli-Goumba regrette lui que « l’insécurité qui prévaut à l’intérieur du pays occasionne encore aujourd’hui l’assassinat des compatriotes ».

Le Président des PME, Jean Lebrun, reconnait lui aussi que « l’insécurité persiste dans la plupart des villes de provinces ». Un danger pour l’économie car celle-ci selon lui « ne peut fonctionner que s’il y a la paix, ce qui manque au régime Touadéra ».