Ultimatum de 72 heures de Séléka à Bozizé. Elle retient ses 5 ministres à Sibut contre l’application de l’accord de Libreville.

Ultimatum de 72 heures de Séléka à Bozizé. Elle retient ses 5 ministres à Sibut contre l’application de l’accord de Libreville.

Changement de vitesse dans la crise centrafricaine sur le terrain. 5 ministres issus des rangs de la coalition Séléka ont été retenus le 17 mars 2013, à Sibut (186 kilomètres nord de Bangui), localité où se trouve l’Etat-major de cette coalition. Ces 5 ministres ont fait partie d’une mission officielle du gouvernement centrafricain, élargie à la communauté internationale et, conduite par l’émissaire du Médiateur de la crise centrafricaine, le congolais Noël Essongo. Les rebelles ont, de ce fait, renvoyé le reste de la délégation à Bangui et retenu leurs leaders.

Il s’agit notamment de : Michel Am Nondroko Djotodia, vice-Premier ministre et ministre de la Défense, Mohamed Moussa Dhaffane des Eaux et forêts, Herbert Djono Ahaba des Recherches minières et de l’Hydraulique, Amalas Amias Haroun du Commerce et Christophe Gazam-Betty de la Communication.

L’objectif de la mission a été de discuter du processus de paix et des conditions de désarmement et de démobilisation des rebelles. Mais les rebelles ont brandit une liste de 11 revendications à prendre en compte. Un ultimatum de 72 heures a été lancé à cet effet par la Séléka au gouvernement, pour appliquer leurs revendications. Sinon, ont-ils dit, ils n’hésiteront pas à reprendre les armes.

Ces revendications ont été entre autres la libération des prisonniers politiques, la reconnaissance de leurs grades, l’intégration de leurs troupes au sein des Forces armées centrafricaines (FACA), le départ des troupes sud-africaines présentes sur le territoire, la levée des barrières contrôlées par les FACA.

La presse, témoin de l’évènement a indiqué que les rebelles ont été très remontés contre le président de la République François Bozizé qui, selon eux, s’en est suffisamment pris à eux dans son discours du 15 mars dernier. Un discours tenu au Complexe Sportif Barthelemy Boganda à Bangui en présence de la jeunesse.

Selon Michel Am Nondroko Djotodia,  ministre en charge de la Défense, « le fait que Séléka ait retenu ses leaders, constitue un moyen de pression. Et, ce sont eux qui ont décidé, car ils ont des armes par devers eux. Ils veulent que le Chef de l’Etat respecte les clauses de cet accord ».

Au sujet de la durée de leur séjour à Sibut, le chef rebelle a précisé que « tout dépendra de la volonté de François Bozizé à réagir face aux revendications des éléments qui sont sur le terrain ».

De son côté, l’émissaire congolais a mentionné que « la mission s’est bien déroulée n’eût été l’incident provoqué par ces rebelles. Toutefois leurs revendications ont fait l’objet d’une discussion élargie. Chacun perd un peu de ses plumes et l’espoir naîtra malgré ces âpres échanges ».

Dans son bulletin d’information de la matinée de lundi, Radio Ndeke Luka a cité par erreur le nom du ministre Joachim Kokaté parmi les otages. La réaction du membre du gouvernement ne s’est fait pas attendre. Ce dernier a déclaré qu’ « il n’a même pas effectué le déplacement de Sibut et moins encore, été  retenu en otage ».

Il a affirmé aussi qu’ « il ne n’est pas issu des rangs de la Convention des patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) Fondamentale de Adam Nourredine, mais plutôt de la CPJP dirigée par Abdoulaye Hissein ». Il a également déclaré que les agissements des éléments de la Séléka n’engagent que leurs auteurs, car la CPJP a, quant à elle, toujours respecté ses engagements pour un retour de la paix en Centrafrique.

 

A Bangui, la population s’est dite étonnée de cette nouvelle qualifiée de « complicité » entre les leaders de la Séléka et leurs éléments. « C’est vraiment nous mettre dans  une situation de  peur, nous pensons que la paix devrait revenir définitivement en République Centrafricaine. Ils ont certes demandé le départ des forces sud africaines, mais pourquoi eux-mêmes n’ont pas déposé leurs armes, c’est un  paradoxe ! C’est une honte. La seule interrogation dans cette fameuse prise d’otage est celle de savoir, pourquoi Séléka a seulement retenu ses ministres et  relâché les autres ? Le maintien de ces 5 ministres donne lieu à une autre tension. Nous demandons aussi à la Séléka de respecter les accords de Libreville », ont réagi les banguissois.