Sécurité en Centrafrique, les autorités de transition passent à la vitesse supérieure.

Sécurité en Centrafrique, les autorités de transition passent à la vitesse supérieure.

Une opération généralisée de désarmement des éléments de Séléka non cantonnés est lancée ce mercredi à Bangui. Cette opération est placée sous la tutelle du Ministère de la Sécurité Publique avec l’appui de l’Armée nationale. Ce désarmement vise les éléments dits incontrôlés de la Séléka, qui ont refusé d’être cantonnés dans les six (6) sites retenus à Bangui à savoir le Camp Beal, le Bataillon de Soutien et des Services (BSS), la base des Sapeurs pompiers, la base de l’Amphibie, le Camp Kassaï et le Bataillon d’Intervention du Territoire 2 (BIT2).
« Aucun citoyen centrafricain, aucun étranger, vivant sur le territoire centrafricain, n’a le droit de posséder une arme ni de se promener avec une arme par devers lui, s’il n’a pas une autorisation de port d’arme délivrée par le Ministère de l’Administration du Territoire ».
C’est avec ces mots que Josué Binoua, chef du département de la Sécurité Publique, a donné le coup d’envoi officiellement de ces opérations. La police centrafricaine et la gendarmerie nationale sont mises à contribution avec certains officiers supérieurs de l’armée. Le ministre Josué Binoua a attiré l’attention que tout réfracteur sera considéré comme un hors-la-loi.
« Tous ceux qui tenterons de s’opposer à cette opération de désarmement, attendue par la communauté nationale et internationale, seront considérés comme des déstabilisateurs du pouvoir et de la nation. Le concours de tous est recommandé pour la réussite de cette opération, car il en va de la survie du pays ».
Le chef du Gouvernement de Transition, Maître Nicolas Tiangaye, a rassuré que la sécurité reste le défi majeur à relever par le gouvernement dont il a la charge.
« Sans la sécurité, nous ne pouvons rien faire dans notre pays. Sans la sécurité, l’économie ne pourra jamais marcher. Sans la sécurité, rien, rien, rien ne pourra marcher dans notre pays. Sans la sécurité, il n’y aura pas de développement. La sécurité dans notre pays est le défi primordial que nous devons relever ».
Le président de la Transition Michel Djotodia, présent lors du lancement de ces opérations, a précisé qu’il ne s’agit pas d’une guerre déclenchée contre la population.
« Je demande humblement à tous ceux qui ont des armes, soit les éléments incontrôlés de Séléka, soit tous ceux qui vivent parmi la population de Bangui, de restituer immédiatement toute sorte d’armes en leur possession. Nous n’allons pas contre la population, nous n’allons pas en guerre contre qui que ce soit. Nous voulons que notre population vive en paix, c’est tout ».
Les opérations vont se poursuivre dans toute la ville de Bangui. Le Ministère de la Sécurité Publique se réserve de donner un délai exact pour la fin.
Mais déjà, le parquet de Bangui a requis, lors de l’audience correctionnelle ce 04 août 2013, une peine de 10 ans de prison ferme et quatre cent mille francs (400.000 F Cfa) d’amende et une privation des droits de prévenus, contre une vingtaine d’ex-combattants de la coalition Séléka, accusés de violences et de pillages à Boy-Rabe le 20 août dernier. Le réquisitoire a été prononcé par le magistrat Alain Tolmo, Procureur de la République au Tribunal de Grande Instance de Bangui.
Selon le Procureur de la République, il s’agit d’une scène unique de violences avec une pluralité d’auteurs. « Les faits sont lamentablement graves », a déclaré le procureur Tolmo à la Cour que présidait le magistrat Abel Daouda. Le magistrat Tolmo a fait remarquer qu’au lieu de désarmer les quartiers de Boy-Rabe et Boeing, ces ex-combattants de Séléka, composés des officiers et des hommes de rang, ont soumis la population et se sont lancés dans des scènes de pillage. Il a donc demandé que soient retenus contre eux les liens de prévention de vol, d’actes de nature à compromettre les lois de la République, de destruction des biens à autrui, de pillage, d’actes de nature à compromettre la sécurité et à entraîner la haine envers les institutions de la République. Il a demandé de faire appliquer les dispositions de l’article 295 requérant des peines allant de un (1) à cinq (5) ans de prison ferme.
Au sujet des 5 autres prévenus qui se sont échappés de prison avant le déroulement de ce procès, le Procureur de la République a exigé au Président de la Cour d’émettre urgemment un mandat d’amener à leur encontre et de faire appliquer la peine d’évasion de prison prévue à l’article 395 du code de procédure pénale en vigueur en Centrafrique.
La partie civile a demandé, quant à elle, des réparations à titre de dommages et intérêts allant jusqu’à cinquante (50) millions de francs Cfa.
De leur côté, tous les prévenus présents à la barre ont plaidé non coupables. Selon le Parquet, ils ont été interpellés tantôt sur les lieux du pillage, tantôt sur le périmètre des faits.
Le président de la Cour, Abel DAOUDA, a annoncé le délibéré pour le mercredi 11 septembre 2013. Il s’agit du premier procès du genre.