1er anniversaire des violences inter communautaires en Centrafrique

1er anniversaire des violences inter communautaires en Centrafrique

Le 5 décembre 2013, la population de la capitale Bangui s’était réveillée sous des tirs nourris d’armes lourdes et automatiques. Les miliciens Antibalaka, groupes d’autodéfense, s’attaquaient aux combattants Séléka  au pouvoir depuis le 24 mars 2013. Les Antibalaka, mouvement s’étant renforcé vers la fin du mois d’août 2013, machettes ou armes de fabrication artisanale en main, se sont soulevés contre la Séléka dont le règne était de plus en plus critiqué. Ainsi naissait la genèse d’une série de violences inter communautaires sans précédentes dans le pays. Les tirs d’armes ont retenti dans plusieurs quartiers de Bangui. Ils ont plus visé les quartiers nord et le centre-ville. 

Dès 5 heures du matin ce jeudi 5 décembre, la psychose  a gagné tous les esprits. Des sources militaires parlaient d’attaques coordonnées, simultanées sur trois fronts : le camp Kassaï, l’Assemblée nationale et le quartier de Boy-Rabe dans le 4ème arrondissement de Bangui. Les habitants des quartiers environnants se sont terrés chez eux, d’autres ont trouvé refuge dans les églises ou à l’aéroport Bangui M’Poko.

Les combats qui opposaient les éléments de la Séléka aux milices Antibalaka ont fait de nombreuses victimes. S’il est difficile de donner un bilan précis des accrochages, certaines sources évoquaient au moins 500 morts et des centaines de blessés.

Au rang des centaines de cadavres qui jonchaient les rues de la capitale centrafricaine, le Conseil de sécurité des Nations unies, peu avant la tombée de la nuit de ce jeudi 05 décembre, donnait le feu vert à la France pour lancer l’opération Sangaris en envoyant 2000 hommes pour mettre fin aux tueries et appuyer les forces de la Mission de sécurisation de la Centrafrique, Misca. Un an après le déploiement des soldats de Sangaris qui devait empêcher un désastre humanitaire dans le pays, la situation reste fragile et volatile selon de nombreux Centrafricains à Bangui.

« Je salue partiellement l’opération Sangaris parce qu’elle a réussi à rétablir un peu la sécurité dans la capitale, mais en province rien n’a encore changé jusqu’à lors », a fait savoir un jeune rencontré dans les rues le 4 décembre 2014.

Interrogée sur sa vision des choses, une jeune Centrafricaine estime que rien n’a été fait. « Dès lors que les exactions, l’insécurité et les pillages continuent, je dirais que les soldats français de Sangaris n’ont pas bien travaillé », a-t-elle indiqué.

« Dans le 3ème arrondissement, les activités sont bloquées, pas d’écoles, pas de dispensaires, la mission de Sangaris en Centrafrique n’a pas bien fonctionné. C’est du sur place », a dit un jeune commerçant

Du côté de la Sangaris, c’est le revers de la médaille. Le commandant Laurent Bastide, chargé de communication de la Sangaris, rassure que le plan de campagne de cette opération est bel et bien atteint.

« Le plan de campagne a été atteint. L’objectif de la Sangaris était de ramener le niveau minimal de sécurité de sorte que les forces internationales de la Misca puis de la Minusca puissent se déployer. C’est le cas puisque le niveau sécuritaire a atteint aujourd’hui un palier que la Minusca a pu poursuivre et amplifier son déploiement », a-t-il expliqué.

« La résolution 2127 donne mandat principalement aux forces de l’ONU, et la mission de Sangaris, est d’appuyer ces forces », a-t-il poursuivi.

Depuis le 5 décembre, les militaires français se sont portés au secours de centaines de personnes qui étaient directement menacées, quelle que soit leur confession ou leur communauté d’appartenance.

« Chaque jour Sangaris a sauvé des vies », mentionne un communiqué de Sangaris.

Et justement à propos, du 5 décembre 2014, la coordination nationale des Antibalaka, dans une interview accorder à Radio Ndeke Luka, promet de ne pas manifester. Le mouvement demande aux populations de Bangui, Bimbo et Bégoua de vaquer librement à leurs occupations. L’appel fait suite aux rumeurs d’une probable manifestation des miliciens en commémoration de cette date.
 
Le porte parole des Antibalaka, Igor Lamaka, a promis que des mesures sont déjà prises afin d’éviter tout débordement. « Je demande à la population de Bangui, Bimbo et Bégoua de rester calme, de sortir et de vaquer à ses occupations. Il y a des rumeurs qui circulent dans la ville de Bangui faisant état d’une attaque des Antibalaka et qu’il y aura des crépitements d’armes le 5 décembre. Je dis c’est faux et ce sont des intoxications », a précisé M. Lamaka.