RCA : La population de Bambari entre le marteau et l’enclume

RCA : La population de Bambari entre le marteau et l’enclume

Sous pression d’Ali Darass, chef de l’UPC, les habitants, les commerçants et les vendeuses ont été contraints ce lundi à faire un sit-in devant la base de la Minusca. L’objectif : empêcher son départ de la ville. Du coup, la population se dit être prise en otage.

« Hier matin Ali Darass a réuni toutes les autorités locales pour les manipuler et les corrompre concernant son départ de la ville », a souligné un habitant sous couvert de l’anonymat. D’après ce témoin, Ali Darass a intimé l’ordre à la population de se « mobiliser et de manifester contre la Minusca ». Une « décision ferme et catégorique » a été imposée aux « commerçantes, commerçants et bouchers ». Ce matin pour cet habitant : « Nous avons fait un sit-in obligatoire ».

En réaction, l’UPC réfute toutes ces accusations de manipulation de la population contre la Minusca. Selon Souleymane Daouda son porte parole, la nouvelle sommation de la Mission onusienne à Ali Darass de quitter la ville le 21 février au plu tard, a poussé une partie de la population à manifester.

« Ce 18 février aux environs de 14h 30, une délégation des Nations unies composée de personnel civil et militaire, est venue rendre visite à Ali Darass pour lui passer un message : quitter la ville de Bambari au plus tard le 21 », a fait savoir le porte parole de l’UPC.

« Hier à 10h, Ali Darass a invité les chefs des communautés, des quartiers pour leur annoncer le message des Nations unies. La population civile s’est entretenue entre elle et a jugé nécessaire de fermer toutes les boutiques et ont décidé de faire une marche pacifique », a-t-il conclu

Arrestation de deux jeunes entre Ippy et Bambari

En plus de la situation à Bambari, les exactions perpétrées par les hommes armés de l’UPC se poursuivent. Deux jeunes gens ont été enlevés dans un convoi escorté par des soldats mauritaniens en provenance de Bria pour Bambari. Le rapt s’est produit à une barrière au village Tagbara (45 Km d’Ippy) tenu par les éléments d’Ali Darassa.

« Les véhicules ont quitté Bria samedi pour Bambari et ont passé la nuit à Ippy. Le lendemain, ils ont repris la route jusqu’au village Tagbara où est érigée une barrière de l’UPC. Les passagers ont été sommés de descendre pour un contrôle d’identification. Un jeune étudiant en provenance d’Ippy et un autre ont été immédiatement arrêtés et accusés d’être des Antibalaka », a expliqué Rufin Francis  Ouaténdé, député d’Ippy.

Selon l’élu de la nation : « des passagers ont contribué à hauteur de 150.000 francs CFA pour faciliter leur libération », une somme d’argent refusée par les hommes armés. Pour Rufin Francis Ouaténdé, la situation est critique puisque ces jeunes sont assimilés à des « Antibalaka ». Ils sont jusqu’aujourd’hui détenus dans un lieu tenu secret. Le député appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités pour assurer la libre circulation des personnes et des biens estimant que « le contingent mauritanien » ne respecte pas les termes du mandat onusien.

Insécurité en RCA : la Communauté internationale réagit

Dans un communiqué publié ce dimanche, La CEEAC, l’Union africaine, l’OIF, l’Union européenne (UE) et l’Organisation des Nations unies (ONU) se disent préoccupées par la situation sécuritaire dans le pays, en particulier dans la Ouaka et la Haute-Kotto.

Ces organisations condamnent les dernières violences perpétrées par le FPRC et l’UPC, causant de lourdes pertes en vies humaines principalement des civils et occasionnant des déplacements massifs des populations.

Les cinq institutions apprécient l’action robuste et énergique de la Mission onusienne dans le cadre de son mandat pour protéger les civils. Elles rappellent que toute attaque contre la population, le personnel des Nations unies et les organisations humanitaires est passible de poursuites judiciaires.

Pour la communauté internationale, seul le dialogue, le respect de l’ordre constitutionnel et démocratique, permettront de trouver des réponses appropriées et durables aux préoccupations légitimes des différents acteurs centrafricains concernés.