Les droits de l’homme encore loin d’être respectés en Centrafrique

Les droits de l’homme encore loin d’être respectés en Centrafrique

Les leaders des ONG nationales militant pour la défense des droits humains ont animé ce mardi à Bangui, en prélude à la journée internationale de la déclaration universelle des droits de l’homme célébrée le 10 décembre, une conférence-débat sur le thème, « Droit de l’Homme, faisons-en une réalité ». Seulement, le tableau est sombre, a fait savoir Maitre Mathias Morouba, coordonnateur adjoint du Réseau des ONG de défense des Droits de l’homme, dans une interview accordée à Radio Ndeke Luka.

« La situation des droits de l’Homme en Centrafrique depuis deux ans ou plus est dramatique. La quasi-totalité des droits et libertés de la personne humaine est foulée au pied. Nous le disons parce que le constat est amer. Aujourd’hui, nous comptons des centaines de milliers de victimes », a-t-il déploré.

La personne humaine a perdu tous ses droits depuis que le pays a basculé dans la violence. « Le respect des droits de la dignité de la personne humaine reste et demeure une problème. Sur l’ensemble du territoire national, nous constatons que les enfants, les femmes, les hommes sont tous devenus des victimes des bourreaux qui sont contre la paix en Centrafrique », a mentionné l’activiste qui a reconnu qu’« Il y a eu des cas de pillages systématiques et généralisés, de destruction de biens appartenant à autrui dont des incendies de maisons. Les violences sexuelles sont devenues malheureusement les maux quotidiens de nos compatriotes. Les gens sont obligés de se terrer dans la brousse ».

« Nous voulons qu’à l’occasion de la commémoration de la journée du 10 décembre, les hommes, les femmes et les enfants se lèvent pour dire non à l’impunité », a souhaité Me Mathias Morouba.

Afin de matérialiser l’impunité, le coordonnateur adjoint du Réseau des ONG de défense des Droits de l’homme a rassuré que des actions sont menées afin de saisir les différentes instances judiciaires. « Certaines ONG des droits de l’homme ont recensé des victimes et nous avons constitué leurs dossiers. Ces dossiers seront transmis au niveau de la Justice nationale, de la Cour criminelle spéciale en cours de création mais aussi devant la Cour pénale internationale. Il faudrait que l’impunité cesse définitivement dans ce pays », a signalé le coordonnateur adjoint.

Les membres du Réseau des ONG de Promotion et défense des droits de l’Homme ont organisé ce mercredi à Bangui une marche pacifique avec l’appui de la Mission onusienne en Centrafrique, Minusca. L’aboutissement de la marche, partie du Pk 0 pour le Complexe sportif Barthélémy Boganda, est de présenter le rapport général des activités de défense des droits de l’homme.

Par ailleurs, la direction des services de police judiciaire (DSPJ) a saisi la journée de la déclaration universelle des droits de l’homme pour organiser des journées portes ouvertes sur les statistiques des violences basées sur le genre (VBG) enregistrés en l’espace de cinq mois. D’après la DSPJ, de nombreux cas de viols, de maltraitance, ainsi que des coups et blessures, tant sur des mineurs que sur les femmes, ont été consignés dans leurs registres.

Le commandant de police et chef de Bureau du service des mineurs, Service Yatéré donne un bilan chiffré. « Nous avons enregistré de juillet à novembre 2014, 50 cas de viols sur mineurs, 25 cas de maltraitance de mineurs, 15 cas d’abandon et maltraitance de femmes, 15 cas de coups et blessures sur les femmes. Enfin, nous avons enregistré 25 cas de vols de mineurs », a précisé le commandant Service Yatéré.

Selon l’officier de la police, « Le service des mineurs apporte assistance aux victimes de VBG, une solution judiciaire. Certaines structures des agences des Nations unies et les ONG internationales apportent, quant à elles, une prise en charge psycho-sociale », a-t-il ajouté.