Verdict d’apaisement, les deux journalistes sont libres

Verdict d’apaisement, les deux journalistes sont libres

Ils sont désormais relaxés et verseront une amende de 300 000 francs CFA (environ 461 euros) chacun à titre de dommages et intérêts. C’est le verdict du procès Ministère Public contre Faustin Bambou et Emmanuel Cyrus Sandy, respectivement Directeur de publication des journaux « Les collines de Bas-Oubangui » et « Médis + » poursuivis pour « incitation à la haine et atteinte à la sureté de l’Etat ». Le Procureur de la République avait requis il y a quelques jours, 3 ans d’emprisonnement fermes et une amende de 1 000 000 de francs CFA (environ 1538 euros) chacun.

Dans son verdict le président du tribunal de grande instance de Bangui, Juge Jules GAVO, reconnait que « l’affaire relève d’une diffamation plutôt que d’une incitation à la révolte, thèse avancée et soutenue par le procureur de la République ».

Aussi, le tribunal estime que les deux journalistes doivent être jugés sur la base de l’ordonnance du 2005 sur la liberté de la Communication et non sur la base du code pénal souhaité par le Ministère public.

Ce faisant, c’est finalement la défense des ces 2 journalistes qui a eu raison sur le parquet de Bangui. Maitre Hyacinthe GBIEGBA un de leurs avocats se dit « satisfait » du verdict. Toutefois, « pendant le toute l’affaire, la défense a toujours réclamé l’application stricte de la loi sur la liberté de communication en Centrafrique. Le juge après débats avait constaté que les faits reprochés à nos clients ne relevaient pas d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat. Il les a disqualifiés pour requalifier en diffamation contenu dans cette ordonnance ».

Pour Emmanuel Sandy l’un des prévenus, « le juge a dit le Droit ». Seulement, son insatisfaction porte sur « l’amende de 300 000 francs CFA à verser au ministre délégué à la défense Jean-Francis Bozizé. Il n y a pas eu de diffamation » soutient-il.

Les deux journalistes ont décidé de faire recours à la Cour d’Appel de Bangui. Ils vont donc interjeter appel. Pour eux, « aucun élément de preuve de diffamation n’est constitué dans cette affaire ».

Faustin Bambou et Emmanuel Sandy étaient poursuivis pour « incitation à la haine et à la violence » suite à des articles publiés et accusant le Ministre délégué à la défense de détournement des pensions des retraités militaires et gendarmes. Les fonds en question ont été alloués par l’Union Européenne.

Il faut dire que le procès de ces journalistes a mobilisé une solidarité sans relâche du monde médiatique national et international ainsi que celui des défenseurs des Droits de l’Homme. A titre de d’exemple, 4 quotidiens de la place avaient initié une journée sans journaux. Reporters Sans Frontières est aussi monté au créneau pour dénoncer « l’arrestation arbitraire et la manière dont le procès s’est déroulé entachant sérieusement la crédibilité de la justice centrafricaine ». Pas moins d’une dizaine d’avocats s’étaient portés volontaires pour défendre Bambou et Sandy.

Au nombre des actions de solidarité en leur faveur, on retiendra aussi celle du Bureau Intégré des Nations Unies en Centrafrique (BINUCA). Dans une tentative pour désamorcer la tension croissante sur leur détention, le BINUCA avait eu plusieurs rencontres avec les autorités nationales afin d’attirer leur attention sur les conséquences néfastes que cette situation pourrait bien avoir sur l’image de la RCA. Sur la scène internationale, le BINUCA avait saisi le Haut Commissaire pour les Droits de l’Homme de Genève. Ce dernier avait engagé une procédure d’appel d’urgence contre cette détention.