Aveu du gouvernement : « toutes les entreprises sont en déconfiture »

Au cours d’une conférence donnée samedi 10 mars 2012, le porte-parole du gouvernement centrafricain est revenu longuement sur les raisons qui ont conduit les autorités à dissoudre les conseils d’administration de toutes les sociétés d’Etat et entreprises publiques. Firmin Feindiro, par ailleurs ministre de la Justice, s’est voulu franc, sans langue de bois et direct : « ce qui a poussé le gouvernement à agir de cette manière, c’est que toutes les entreprises sont en déconfiture ; il n’y a aucune entreprise qui fonctionne normalement ».

Le porte-parole du gouvernement a encore expliqué que « le conseil spécial de surveillance et de redressement mis en place est une structure de conception, de gestion et de contrôle. Il a pour but d’initier des actions tendant à créer et à développer des activités porteuses d’intérêt et répondant aux attentes de plus en plus croissantes de la population ».

Interrogé sur les grèves dans les hôpitaux à Bangui et la question des indemnités des agents, le porte-parole du gouvernement a indiqué que cette situation « n’est pas imputable aux mesures prises par le conseil de spécial surveillance. Le conseil a une particularité. Il ne traite que des dossiers des sociétés d’Etat et des entreprises ».

Depuis la dissolution, le 1er janvier 2012, par décret présidentiel, des conseils d’administration de toutes les sociétés d’Etat et offices publics de la RCA, c’est la première réaction officielle enregistrée de ce niveau. Il faut rappeler que l’exposé des motifs du même décret mentionnait la nécessité de « sécuriser les recettes de l’Etat et améliorer la maîtrise des dépenses publiques », à partir du 1er janvier 2012, avec la création d’un Conseil spécial de surveillance et de redressement des entreprises et offices publics (CSSREOP) en République Centrafricaine« .

Cette instance est dirigée par le président centrafricain, François Bozizé lui-même.

Ce dernier avait déjà annoncé en septembre 2011 devant l’Assemblée Nationale vouloir prendre « toutes les mesures pour mettre hors d’état de nuire » les auteurs de malversations financières ».

Aucune mention n’a faite pendant cette rencontre avec les médias de l’arrestation la veille de deux membres du gouvernement arrêtés et gardés à la SRI (section de recherches et d’investigation de la gendarmerie) et accusés de détournements de deniers publics. Il s’agit des ministres Michel KOYT, Secrétaire Général du Gouvernement, chargé des Relations avec le parlement et d’Abdallah KADRE, ministre délégué à la Primature chargé de la gouvernance. Le montant des sommes détournées s’élève selon des sources policières à 2 milliards 500 millions de francs CFA (près de 3.800.000 euros).