La langue française en Centrafrique, un emprunt massif au sango

La République centrafricaine est membre de l’Organisation internationale de la francophonie. Elle prendra part au sommet qui s’ouvre vendredi 22 octobre à Montreux (Suisse). C’est François Bozizé lui-même qui conduira la délégation centrafricaine.

Il faut rappeler qu’en marge des fêtes du 14 juillet dernier à Paris, il avait été reçu en audience par le Secrétaire général de l’OIF, le sénégalais Abdou Diouf.

La francophonie a toujours suivi avec attention, la situation politique en RCA. Elle s’est impliquée particulièrement au lendemain des événements de mars 2003, à parachever la tenue, en mars et mai 2005, d’élections législatives et présidentielle acceptées par tous les protagonistes.

A chacune des étapes, l’accompagnement déployé par la Francophonie a été apprécié : soutien à l’organisation d’un dialogue national, renforcement des capacités des institutions de la transition et coordination de l’observation internationale des élections, ce, avec le soutien du Bureau des Nations Unies en Centrafrique et des partenaires internationaux ;

Est-il nécessaire de rappeler que le DPI (dialogue politique inclusif) a été présidé par un émissaire de la francophonie, l’ancien président burundais, Pierre Buyoya.

L’accompagnement de la francophonie s’est également manifesté par le soutien apporté à la tenue des Etats généraux  des médias (août 2007) et ceux de la Justice (octobre 2007), puis par une grande implication au sein de la Commission de consolidation de la paix.

Le français est la langue officielle de la République centrafricaine. Il n’est pourtant la langue maternelle qu’une langue d’un tout petit groupe d’Européens vivant dans le pays et dont le nombre n’atteint pas les 10 000. Le français, langue de prestige, est parlé par les élites et les cols blancs, c’est-à-dire les fonctionnaires et les enseignants. On compte deux variétés de français.

L’un correspond à ce qu’on pourrait appeler le «français de France» parlée par les Européens et les spécialistes de la communication, c’est-à-dire les enseignants, et ensuite par les «notables» du pays.

Il s’agit d’un nombre réduit d’individus. Généralement, ce français est utilisé dans les médias et la haute fonction publique, de même que dans les sphères proches des pouvoirs politique et judiciaire, ainsi que dans toutes les écoles du pays. On y admet un certain accent local et quelques régionalismes lexicaux issus surtout du sango.

Il existe une autre variété de français, beaucoup plus répandu et plus permissive : le français local. C’est un français très influencé par les langues centrafricaines, surtout par le sango (langue nationale). Cette variété est parlée par les classes non instruites, qui n’ont pu terminer leur scolarité.

Ils utilisent ce qu’ils connaissent du français avec des emprunts massifs aux langues locales. Cette variété peut causer des problèmes de compréhension avec les francophones des autres pays, car les interférences linguistiques, d’ordre lexical et sémantique, sont très importantes.

En tenant compte de ces considérations, on compterait en Centrafrique actuellement environ 500 000 «francisants» et 250 000 «francophones réels», mais on sait que ce résultat paraît nettement surévalué. Cela dit, il suffit de préciser qu’une personne ne parle pas le sango («mbi tené sango ape» : je ne parle pas le sango) pour que les Centrafricains retrouvent vite l’usage du français.