RCA : Amnesty International dénonce l’impunité

L’impunité reste et demeure un problème crucial en République Centrafricaine d’après Amnesty International. Dans un rapport publié ce mercredi, l’ONG de défense des droits de l’homme s’inquiète que les auteurs de crimes de guerre sont jusque là en liberté. L’organisation estime qu’il est urgent de reconstruire le système judiciaire centrafricain.

Intitulé The long wait for justice: Accountability in Central African Republic, (la longue attente de la justice : responsabilité de la République Centrafricaine), le document indique que des dizaines de personnes, chefs de guerre, ont été soupçonnées de commettre des crimes de droit international, de graves violations des  droits humains et atteintes à ces droits depuis le déclenchement de la crise entre 2014-2016. Jusqu’à aujourd’hui, elles ont échappé à toutes enquêtes et arrestations. Les efforts consentis pour amener ces présumés auteurs à rendre compte se sont heurtés à un manque de moyens que ce soit au niveau des Casques bleus de la Minusca que de l’Etat centrafricain.

Le rapport d’Amnesty International indique que les mis en cause se promènent en toute liberté. Aucun d’entre eux n’a été poursuivi ni arrêté. Le climat d’impunité ne fait que les encourager, mais aussi a contribué à l’augmentation des violences depuis septembre 2016. Une attaque a notamment eu lieu à Kaga-Bandoro en octobre.  Des ex-Séléka ont tué au moins 37 civils, en ont blessé 60 et ont contraint plus de 20.000 personnes à se réfugier en brousse ou sur des sites de déplacés.

En juillet 2014, l’ONG a nommément ciblé 21 personnes pour lesquelles il existait des raisons de soupçonner qu’elles avaient commis des crimes de droit international. Deux d’entre elles seulement ont été arrêtées et, aucune enquête efficace n’a été menée sur les 19 autres.

Amnesty International formule des recommandations visant entre autres la mise sur pied de la Cour pénale spéciale dans les meilleurs délais. « La Cour pénale spéciale a un rôle fondamental à jouer pour donner aux victimes de certains crimes les plus graves une chance d’obtenir justice en République centrafricaine », a déclaré Ilaria Allegrozzi, responsable des recherches sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

Impunité

La présence et le fonctionnement des institutions judiciaires sont restés limités, à l’exception de la capitale Bangui. Les autorités judiciaires ont manqué de moyens pour enquêter sur les crimes, notamment les violations des droits humains, et pour en poursuivre les auteurs présumés.

Parmi les responsables soupçonnés de crimes relevant du droit international, dont des commandants de l’ex-Séléka, des Antibalaka et d’autres milices, rares sont ceux qui ont fait l’objet d’une information judiciaire ou qui ont été traduits en justice. Le 17 janvier 2015, Rodrigue Ngaïbona alias « Andilo », un chef Antibalaka de premier plan, a été arrêté par la Minusca dans la ville de Bouca. Il est encore en détention.

En octobre de la même année, une délégation onusienne a rencontré Nourredine Adam, un ancien commandant de l’ex-Séléka soupçonné de crimes contre l’humanité et sous le coup de sanctions de l’ONU et de mandats d’arrêt nationaux et internationaux.

Conditions de détention

En 2015, les conditions carcérales étaient toujours très mauvaises et la sécurité n’était pas assurée en prison. En août, 17 détenus, dont plusieurs hauts responsables des Antibalaka, se sont évadés de la prison de Ngaragba, à Bangui. Le 28 septembre, entre 500 et 700 détenus, dont des combattants Antibalaka, se sont évadés de la même prison alors que la ville connaissait une escalade de violence. Le 4 novembre, 11 détenus se sont évadés du centre de détention de la ville de Bria.