Centrafrique : un collectif de députés réclame le démantèlement total des 3R©Presse parlementaire
Une vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale centrafricaine

Centrafrique : un collectif de députés réclame le démantèlement total des 3R

Un jour seulement après l’annonce par la Minusca d’une vaste opération militaire contre le mouvement 3R (Retour, Réclamation, Réhabilitation) de Sidiki Abbas dans l’Ouest et le Nord-ouest de la République centrafricaine, un collectif de députés met la barre haut. Il réclame le « démantèlement total des bases de 3R ».

Les députés de la Nana Mambéré et de l’Ouham Pendé n’ont pas attendu longtemps pour saisir l’occasion de l’opération militaire conjointe Minusca-Faca lancée le 17 juin 2020 contre le Mouvement 3R et son chef Sidiki Abbas. Dans une correspondance adressée au Représentant du Secrétaire général des Nations unies en Centrafrique le 18 juin 2020, ces parlementaires ont exprimé leur vive exaspération, dénonçant la prise en otage de la population civile par le groupe armé 3R.

« Le peuple continue à vivre son calvaire et nous, populations surtout de l’Ouham Péndé, vivons dans une situation dramatique et d’esclavage. Il est inadmissible de nous taire devant cette situation. C’est pourquoi nous demandons de façon solennelle à la Minusca d’assumer sa responsabilité, celle de garantir la paix et la sécurité du peuple » a martelé Bernard Dillah, député de Ngaoudaye 1, membre dudit collectif.

« La famine guette le peuple centrafricain. La cuvette de manioc coûte aujourd’hui 5000F pourtant la population est laborieuse, seulement, elle ne peut plus travailler. Et si elle travaille, elle est empêchée de bénéficier des fruits de son travail, parce que les fruits de son travail sont dévastés et les dévastateurs sont protégés par ces groupes armés » a ajouté M. Dillah estimant que « l’avenir de notre peuple est hypothéqué ».  

Signataire de l’accord de paix du 6 février 2019 avec le gouvernement, le Mouvement 3R brille depuis la mi-mai 2020 à travers des exactions contre des populations civiles voire des forces nationales et internationales. Pour les députés initiateurs de la correspondance au patron de la Minusca, l’heure est au durcissement de ton face au chef de guerre Camerounais, Sidiki Abbas et son groupe armé.

 » Nous avons besoins rien que de la paix. Nos populations ont besoin rien que de la paix et nous en avons marre de la duplicité de ces groupes armés. Nous demandons à la Minusca et au gouvernement de tout faire pour démanteler les bases des 3R, traquer son chef Sidiki Abbas, le remettre à la Cour pénale Spéciale ou à la Cour Pénale Internationale » a recommandé le collectif.  

Dans son entretien avec Radio Ndeke Luka, le député de Ngaoundaye 1 va jusqu’à mettre en garde la Minusca.

« La Minusca a reçu un mandat des Nations unies afin de réduire la capacité des groupes armés et sécuriser la population. Si elle ne remplit pas cette mission, et bien, nous serons obligés de lui demander de partir, de quitter notre pays » a prévenu Bernard Dillah.

Depuis son retour dans le maquis en mai dernier et l’annonce de son retrait de l’accord de paix du 6 février, Sidiki Abbas s’illustre de plus en plus en chef de guerre et renforce ses positions. Attaque de la base des USMS à Bouar dans la Nana-Mambéré, suivi du raid sur un check-point Minusca-Faca à Pougol dans l’Ouham-Pendé le 9 juin 2020, les 3R s’imposent avec la conquête de nouvelles zones dans l’ouest et dans le nord-ouest centrafricain. Face à cette violation flagrante de l’entente politique conclue avec Bangui le 6 février 2019, les autorités centrafricaines et la Minusca décident de passer à la vitesse supérieure en lançant une opération militaire d’envergure contre Sidiki Abbas et ses troupes.