La traque de Joseph Kony a commencé dans le Haut-Mbomou

La traque de Joseph Kony et de ses hommes a commencé à Obo (capitale préfectorale du Haut-Mbomou) et dans toute cette région du sud et du sud-est de la République centrafricaine. Un commandement tripartite a été installé dans la ville et des patrouilles partent fréquemment sillonner la forêt, à pieds, en véhicules équipés d’automitrailleuses, et même en hélicoptère.

C’est le constat qu’a fait un journaliste de Radio Ndeke Luka (projet de la Fondation Hirondelle en Centrafrique) arrivé dans cette localité mardi 13 mars 2012.

Selon les premières indications recueillies sur place, ce sont les soldats ougandais et centrafricains qui participent aux patrouilles sur la base d’indications fournies par l’armée américaine. Celle-ci utilise un hélicoptère pour survoler la forêt à la recherche d’indices pouvant indiquer la présence des « tongo-tongo », nom local donné aux rebelles de la LRA. Les informations recueillies lors de ces missions d’observation sont ensuite partagées à l’occasion de « séances de breafing » auxquelles participent les autorités locales en plus des trois commandements.

Si les soldats ougandais sont présents depuis au moins 5 ans dans le cadre de la traque des « tongo-tongo » (nom local donné aux rebelles de la LRA) ils doivent à présent cohabiter et surtout collaborer avec les militaires centrafricains et américains. Eux disposent également d’un hélicoptère de combat.

Chaque contingent vit dans une base distincte. Celle des ougandais est installée aux abords immédiats du petit aérodrome qui dessert la ville. Le nombre exact d’éléments n’est pas indiqué, mais l’estimation à une quarantaine de soldats est la plus couramment avancée par les personnes interrogées.

Sur l’aérodrome, un hélicoptère avec les inscriptions « US Army » est nettement visible. Des sentinelles font bonne garde. Il appartient bien évidemment aux soldats américains arrivés depuis le mois de janvier et impliqués dans la traque du chef rebelle ougandais. Le journaliste de Radio Ndeke Luka a pu rencontrer le Capitaine Gregory qui commande ce détachement d’une centaine d’éléments. La base américaine est installée dans le quartier administratif de Obo, juste à côté de la brigade de gendarmerie.

Plus loin, non loin du marché central, se trouve la garnison des FACA, les forces armées centrafricaines. Si le commandant de la garnison (un lieutenant) se refuse à donner son nom et révéler le nombre exact de ses hommes, secret militaire oblige. On sait au moins qu’il ne s’agit plus des quelques hommes, moins d’une dizaine, qui, il y a quelques mois encore, étaient chargés de la défense de la ville en cas d’attaque. Suite à plusieurs manifestations des populations et aux incursions de plus en plus fréquentes de la LRA, l’Etat- Major s’est résolu à envoyer des renforts.

Toutefois, le commandant de la troupe indique être encore dans « l’attente d’effectifs supplémentaires qui doivent arriver de Bangui, pour démarrer une formation aux techniques de combat adaptés à la lutte contre la LRA ». La même source a indiqué que « ce sont les américains qui doivent diriger la formation. Eux nous encadrent, mais c’est les ougandais et nous qui devons aller sur le terrain »

On n’en saura pas plus. Toute autre indication relève du secret. Le journaliste a pu néanmoins se rendre que la population d’Obo n’adhère pas encore totalement à la proposition des autorités administratives et militaires qui les incite à mener des activités agricoles au-delà de 25 km. Presque toutes les personnes interrogées sur cette question pensent ne pas être prêtes à aller cultiver plus loin, malgré la proposition du préfet du Haut-Mbomou, Albert Boris Mbagalet et le commandant des forces tripartites d’organiser des patrouilles de sécurité dans un rayon de 25 km.

« Les patrouilles militaires ne peuvent pas combattre la LRA, seule l’installation des sous-groupes militaires dynamiques dans la région peut résoudre ce problème. Les hommes de Kony sont partout dans la préfecture ; sur l’axe Djema, Zémio, Mboki, Rafaï ; donc de simples patrouilles ne suffisent pas », a confié un agriculteur.

La population souligne comme autre argument les derniers événements de la LRA dans la zone à Agoumar, Mboki et Zémio où des cas d’enlèvement ont été signalés il y a quelques jours seulement. Le dimanche 11 mars, un garçon de 19 ans a été aussi capturé par 12 braconniers à 5km de la ville d’Obo alors qu’il était aux champs. Il a été libéré tard le même soir et a témoigné leur avoir servi de porteur de pointes d’ivoire.