Bangui à nouveau paralysée, le gouvernement voit un complot

Bangui à nouveau paralysée, le gouvernement voit un complot

La tension est encore aussi vive dans la Capitale centrafricaine au lendemain de violentes manifestations d’un groupe de jeunes armés du Km5 dans les 3e et 5e arrondissements de Bangui. Le gouvernement centrafricain pointe du doigt les acteurs de Naïrobi d’être derrière cette brusque montée de violences.

« La position du gouvernement est claire. Tout cela relève de ce que nous avons qualifié de complot ourdi contre les institutions de la transition. Ce sont les tenants des accords de Naïrobi 1 et 2 qui reviennent par des chemins détournés pour demander une troisième transition et exiger la démission des institutions », a déclaré Dominique Saïd Panguindji, ministre en charge de la sécurité publique et porte parole du gouvernement centrafricain. Il explique par ailleurs que « Ce schéma est irréaliste. Aujourd’hui, toutes les dispositions sont prises pour que le peuple puisse aller voter dans les délais fixés par l’Autorité nationale des élections. Le prétexte agité n’est pas du tout fondé et les élections se tiendront avant la fin de l’année ».

Paralysie

Sur le terrain, les activités sont paralysées dans tous les arrondissements de la Capitale et circuler devient un véritable parcours de combattant. Des barricades sont  érigées sur certaines avenues de Bangui par des habitants qui expriment ainsi leurs mécontentements contre les événements douloureux de la veille qui ont déjà fait plus d’une vingtaine de tués et une centaine de blessés.

De l’avenue des  Martyrs en passant par le rond point des Nations-Unies sur l’avenue Koudoukou ou encore l’avenue de l’indépendance jusqu’au PK 12, il est difficile voire impossible de circuler librement puisque des barricades sont érigées un peu partout. Une marche pacifique improvisée depuis le PK12 vers Gobongo a même été initiée par des jeunes qui tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « nous voulons la paix, au secours nos FACA ».

De l’avis de Martin Ziguélé, président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) « Il faut que les centrafricains arrêtent d’enseigner et de nourrir la haine, qu’ils arrêtent d’arroser les fleurs de la mort parce que personne aujourd’hui ne peut prétendre être fiers de ce qui s’est passé dans le pays ».

« Qu’ils soient balaka, Seleka ou membres d’autres groupes qui n’osent pas dire leurs noms, il faut qu’ils comprennent que cela ne peut pas continuer indéfiniment. Qu’ils comprennent qu’on peut tout faire avec une baïonnette sans s’asseoir dessus. Qu’ils comprennent que même la guerre de 100 ans qu’il y a eu entre la France et l’Angleterre s’est terminée autour d’une table et par la paix », a ajouté Martin Ziguélé qui interpelle le gouvernement centrafricain « à diligenter une enquête pour savoir exactement les circonstances exactes qui ont présidé à ce regain de tension afin de prévenir les actions de ceux qui ne veulent pas du retour de la paix dans le pays » puisque « force doit rester à la loi ».

Appel à mobilisation

De son côté le groupe de la société civile centrafricaine par le biais de Gervais Lakosso appelle les centrafricains à s’approprier l’avenir de leur pays. « J’invite mes compatriotes au calme. Je les rassure que la société civile va prendre ses responsabilités. Nous allons lancer le mouvement le temps de Béafrica qui veut dire que tout le monde a déjà fait ce qu’il veut de ce pays. C’est maintenant le moment pour que nous les centrafricains, nous fassions de notre pays ce que nous voulons, que nous nous approprions la destinée de notre pays. Nous allons lancer des mots d’ordre et nous appelons les centrafricains à se mobiliser ». De manière concrète, il s’agit pour le groupe de la société civile d’appeler les centrafricains à la désobéissance civile.

Pour le général Xavier Sylvestre Yangongo « Chaque fois qu’un musulman est tué, il faut s’attendre à une avalanche de représailles. Des innocents ont été tués, massacrés et quelle est la réaction du gouvernement et des Nations-Unies ? », s’est-il interrogé.

« Si cela continue, nous allons prendre nos responsabilités parce que nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous avons aussi du sang dans nos veines, on ne peut pas continuer à subir ce qui se passe dans notre pays », a conclu le général Xavier Sylvestre Yangongo.