Empêchement de vol et d’atterrissage sur la piste de l’aéroport Bangui M’Poko.

Empêchement de vol et d’atterrissage sur la piste de l’aéroport Bangui M’Poko.

 

Les populations des quartiers Boeing et Boulata dans le 3e arrondissement de Bangui se sont refugiées, dans la nuit de ce mardi aux environs de 19 heures, sur la piste de l’aéroport Bangui M’Poko. Cette fuite fait suite aux représailles des éléments de Séléka qui sont une fois de plus entrés en force ce 27 août dans ces quartiers. Ces hommes armés ont tiré avec des armes de divers calibres dans plusieurs directions faisant des déplacés en direction de la piste de l’aéroport Bangui M’Poko.

Selon la plupart des déplacés rencontré ce mercredi sur la piste de l’aéroport international de Bangui, les tirs ont fait des blessés au sein de la population. Environ trois mille (3000) personnes ont passé la nuit dans des conditions précaires sous une fine pluie, la plupart à même le sol.

Les déplacés ont effectué une marche pacifique le matin sur la piste. Ils ont calligraphié sur un carton ce slogan : « Nous voulons la paix et que les exactions de la Séléka cessent ». Aussi, dans leurs propos, ils demandent aux autorités de la transition de prendre leurs responsabilités pour garantir la sécurité de la population, surtout celle des quartiers dont les représailles de la Séléka sont devenues monnaie courante.

L’afflux de la population sur la piste a handicapé le fonctionnement des activités aéroportuaires ce mercredi. Aucun avion n’a pu décoller ni atterrir. Les voyageurs sont obligés de repartir à la maison.

L’un des voyageurs exprime son mécontentement sous couvert de l’anonymat. Il demande aux autorités de la transition de ramener la paix en République Centrafricaine

« Nous sommes arrivés ici, il y a eu un problème de vol. Des enfants, des femmes et beaucoup de personnes sur la piste et le vol est annulé. Beaucoup ont des problèmes de visas, certains expirent dans dix jours, nous sacrifions tous ça pour attendre le prochain voyage ».

Les manifestants ont déclaré que si aucune solution n’est trouvée à leurs conditions de vie, ils resteront sur la piste aussi longtemps que possible. Par ailleurs, ils demandent  à la communauté internationale de jeter un regard particulier sur la situation que traversent les centrafricains depuis la prise de pouvoir de la Séléka.         

Les dernières détonations ont provoqué une scène de désolation à l’Hôpital de l’Amitié. Les personnes déplacées de Boy Rabe qui s’y sont réfugiées depuis plusieurs jours vivent le calvaire. Ida Rachel a passé plus de trois jours à l’hôpital de l’Amitié avec ses six (06) enfants. Elle dénonce sa condition de vie.

« C’est depuis mardi passé que je suis ici. J’ai des difficultés avec les moustiques en plus de la nourriture qui nous manque. C’est difficile de dormir, il y a un problème de place surtout qu’il pleut abondamment ».

Ces personnes craignent également le risque de contamination car il s’agit d’une formation sanitaire qui accueille diverses maladies. Fabien craint ,pour lui, d’être contaminé par la fièvre typhoïde.

« En ce moment, il n’y a pas une ONG qui puisse venir nous prendre en charge. Chaque nuit, cinq à six personnes meurent, cela inquiète pour la santé des enfants qui sont à notre portée ».

La situation à Boy Rabe préoccupe le gouvernement centrafricain. La Police centrafricaine a lancé mardi un appel pressant aux habitants de Boy Rabe de regagner leurs domiciles.

Selon le Directeur Général de la Police Henri Wanzé-Linguissara, les éléments de la Séléka qui sèment la désolation dans ce secteur sont déjà relevés par la Police et la Gendarmerie. Ces forces   vont désormais assurer la sécurité pour une stabilité durable. 

« Le chef de l’Etat a tenu une réunion avec le ministre chargé de la sécurité publique. Au sortir de cette réunion, le ministre m’a instruit de venir à Boy Rabe avec mes hommes afin de les installer dans les postes qu’occupaient nos frères les ex-Séléka. Nous avons en ce moment tenu les postes de Poungoulou, au bas fonds du côté du secteur de Bassin chez Ngaïssona, au centre de Boy Rabe, au niveau du marché et éventuellement le lycée Barthélémy Boganda. Ces postes sont tenus par la police et la gendarmerie. Depuis que l’instruction est donnée, nous sommes avec la population. La FOMAC, sur instruction du chef de l’Etat va appuyer la police et la gendarmerie dans la sécurisation du quartier Boy Rabe. Je demande donc à la population de Boy Rabe de regagner sa maison ».

Pour la jeunesse de Boy-rabe, ce déguerpissement des éléments de Séléka dans le secteur est une grande satisfaction. Cette population souhaite que la dernière poche des hommes de Séléka basés devant le Lycée Barthélémy Boganda soit dégagée pour rassurer les déplacés qui pourront revenir.

Selon les constats, les éléments Congolais de la FOMAC, appuyés par les militaires français, ont fait en fin d’après-midi mardi des patrouilles dans la zone.