Un émissaire français en Centrafrique. Laurent Fabius fixe des axes pour le retour à la paix dans le pays

Un émissaire français en Centrafrique. Laurent Fabius fixe des axes pour le retour à la paix dans le pays

« La République Centrafricaine n’est pas un pays oublié sur l’échiquier international. La situation que traverse ce pays est aujourd’hui à la une de l’agenda de la communauté internationale, et particulièrement celui de la France ». C’est le message que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, est venu livrer aux centrafricains. Il a effectué ce dimanche, une visite éclair dans la capitale centrafricaine. Le numéro 1 de la diplomatie française a rencontré, à cet effet, les nouvelles autorités de la transition avant d’échanger avec les professionnels de la communication à la résidence de Serge Mucetti, Ambassadeur de France en Centrafrique.
Trois principaux points ont été au centre du message de Laurent Fabius. La sécurité, l’aide humanitaire et l’organisation des élections à l’issue de la transition. Le messager français a rassuré que la priorité, pour le moment, est la restauration de la sécurité. Il a ajouté que la France s’y impliquerait davantage : « l’urgence, c’est de rétablir la sécurité partout en Centrafrique. La Séléka a été dissoute par monsieur Djotodia. Cette dissolution doit être effective, c’est-à-dire qu’il ne peut pas avoir de bandes armées que ce soit à Bangui ou dans le reste du pays. Il faut que les forces africaines des quatre (4) pays, qui sont aujourd’hui au nombre de deux mille cent (2100) et qui vont monter à trois mille cinq cent (3500), puissent avoir les capacités d’agir ; et la France va aider, avec actuellement quatre cent dix (410) hommes, chargés essentiellement de la protection de l’aéroport et des patrouilles à Bangui. Mais compte tenu de la décision de la communauté internationale, telles qu’elles sont mises en forme par le Conseil de sécurité des Nations unies, ces différentes forces vont pouvoir intervenir davantage, rapidement, efficacement et j’espère que ceci contribuera à rétablir la sécurité ».
Pourquoi la France n’a pas intervenu militairement en Centrafrique comme elle l’a faite au Mali ?
Le ministre des Affaires Etrangères françaises a indiqué que le Mali et la République Centrafricaine sont deux situations bien différentes : « le Mali et le Centrafrique, ce sont deux questions tout à fait différentes. Au Mali, il s’agissait de libérer un pays du terrorisme. En Centrafrique, il s’agit d’aider les centrafricains à reconstruire leur pays et leur Etat ».
Mais la Société Civile a fait une autre lecture de la comparaison entre le Mali et la République Centrafricaine par rapport au constat du ministre Laurent Fabius.  
L’Observatoire Centrafricain des Droits de l’Homme, OCDH, estime que les exactions et les tueries perpétrées en Centrafrique depuis  l’avènement de l’ex-Coalition Séléka au pouvoir, dépassent de loin ce qu’ont connu les maliens. Selon Fulgence Zéneth,  coordonnateur de l’OCDH, « Au Mali, c’est une partie du territoire national, le nord qui est affecté. En République Centrafricaine, c’est l’ensemble du territoire national, y compris la capitale, qui a été investi par des mercenaires connus, venus du Soudan et du Tchad. Est-ce qu’on peut dire que ces gens sont des anges, quand ils pillent, volent ? Ce sont des terroristes au même titre que les Jihadistes au nord Mali. Ils doivent être traités comme tels, si les amis de Centrafrique pensent que le temps est arrivé pour agir. Ils ne doivent pas faire une lecture limitée de la situation centrafricaine. Ils ne doivent pas commettre l’erreur de 1997 où on a eu une mission qui a bâclé les choses et qui nous a fait retourner dans la situation de détresse ».
Fulgence Zéneth ambitionne que les autorités centrafricaines organisent une concertation nationale afin d’apprécier les dommages collatéraux de la crise et les besoins réels chiffrés avant de faire des propositions concrètes à l’Opinion internationale : « Cela constitue des cris de cœurs que nous, au niveau de la société civile, avions toujours relevé. Ces actes sont très importants et exigent de la part du gouvernement un effort pour que les choses aillent vite et bien. Si vous prenez l’axe élection, le Conseil National de Transition a déjà adopté la loi électorale. Qu’attendons-nous pour promulguer ? Cela exige-t-il un effort particulier ? Cela fait six mois que Séléka a pris le pouvoir. Aujourd’hui, au niveau du gouvernement, on doit avoir un état des lieux clair de la situation. Il est urgent que le gouvernement convoque une table au niveau national pour essayer d’évaluer les dégâts causés sur les différentes administrations de manière à ce que le pays retrouve la voie de la normalité ».
La République Centrafricaine est désormais à la une de l’agenda de la communauté internationale, « singulièrement de l’Europe et très singulièrement de la France » a fait savoir Laurent Fabius.
C’est la première visite d’une haute autorité française en terre centrafricaine depuis le 24 mars 2013, date à la quelle, l’ex-coalition Séléka a pris le pouvoir par la force des armes.