Centrafrique : Situation sécuritaire tendue à Bozoum

Centrafrique : Situation sécuritaire tendue à Bozoum

Des séries d’affrontements entre « anti-balaka » et les éléments de l’ex-coalition rebelle Séléka ont provoqué la mort d’au moins 70 personnes dans la ville de Bozoum. Une situation qui a provoqué le déplacement  de plus de 3000 personnes à la paroisse Saint Michel de la ville. Le père Aurelio Gazera, curé de ladite paroisse témoigne, « On se retrouve avec 3000 refugiés à la mission catholique, d’autres se sont dispersés en brousse. La ville est pratiquement vide, il n’y a que les musulmans très armés qui sont restés et qui se promènent, cela pose énormément de problème. On craint également l’attaque des « anti-balaka », très nombreux autour de la ville. A l’origine, il y a eu les attaques des « anti-balaka » des 6, 23, 25 et 31 décembre 2013. On a totalisé 70 morts et de nombreux blessés ».

Les responsables de l’ex-rébellion Séléka basés à Bozoum confirment ces attaques. Ils rejettent l’information selon laquelle, ils se sont attaqués à des populations civiles faisant des victimes. Aba Ali Issen, Commandant des éléments de l’ex-rébellion Séléka basés dans la région explique, « Les échanges de tir ne se sont pas produits au centre ville, mais à 7 Km sur l’axe Bossangoa, à la base des « anti-balaka ». Nous ignorons tout du bilan côté « anti-balaka », cependant nous avons enregistré trois morts et un blessé. Nous n’avons pas tué de civiles ».

A Bangui les enlèvements et pillages se poursuivent. Le Commandant de la fanfare de la police aurait été enlevé ce vendredi. Jude Ngaviagué et l’un de ses fils auraient été kidnappés au commissariat central à Bangui, le 3 janvier 2014, par des hommes armés non dentifiés. Leurs parents ignorent tout de leur destination et exigent leur libération.

Le Campus pour Christ de Centrafrique et Radio Opération Jéricho, une des radios locales confessionnelles de la capitale, ont été pris pour cible par des malfaiteurs. D’après Séraphin Kiaffé Moussa, évangéliste à Campus pour Christ,  le local qui abrite ces deux structures a été pillé dans la nuit du 03 au 04 janvier 2014. Les malfrats ont défoncé toutes les portes des bureaux et saccagé le matériel et documents qui s’y trouvent. Ils ont aussi volé le véhicule de service du campus au cours de leur forfait.
 
Dans un communiqué publié le 30 décembre 2013 à Paris, Médecins Sans Frontières (MSF) réitère son appel au respect des civils, des patients, du personnel médical et des structures de santé. MSF estime que les affrontements, attaques, lynchages exactions et représailles sont quotidiens, malgré la présence des forces internationales à Bangui. Le responsable des programmes d’urgence pour MSF, Laurent Sury constate que « ces derniers jours, nous avons reçu davantage de cas graves. Des blessés par machette, à la tête, sur les mains et aux bras lorsqu’ils ont voulu se défendre ; ou bien encore poignardés, parfois à multiples reprises, à l’abdomen. Nous voyons aussi arriver des patients qui ont été soit torturés, soit brutalement battus. Nous avons même eu un cas d’empalement. La plupart sont de jeunes hommes ».

Le communiqué mentionne que cette violence extrême n’épargne pas les structures de santé et entrave le déploiement des secours. Le 24 décembre dernier, un individu armé est entré dans le dispensaire MSF de l’aéroport de Bangui. Le même jour, un homme équipé de grenades a pénétré dans l’hôpital Communautaire. Le 25 décembre, suite à des tirs nourris et à la présence de nombreux hommes armés aux alentours de l’hôpital, ainsi qu’à l’intrusion de trois d’entre eux, nos équipes ont dû temporairement évacuer la structure. Le 29 décembre, une ambulance du ministère de la Santé a été arrêtée et menacée à la grenade. Les ambulanciers n’ont pas pu ramener les blessés qu’ils étaient venus chercher. Le même jour, des hommes armés sont revenus à l’hôpital chercher des patients dans le but de les lyncher ; le personnel du ministère de la Santé a été menacé.

« A chaque « visite » la tension monte d’un cran. Les attaquants sont de plus en plus agressifs et haineux » alerte Thomas Curbillon, chef de mission MSF à Bangui. « Il est absolument inacceptable que les structures de santé ne soient pas respectées et que leurs enceintes soient violées par des individus armés et constituant une menace pour les patients et les équipes médicales. Les mouvements sont difficiles, l’insécurité et les tirs dans différents quartiers, et notamment autour de l’hôpital, entravent les déplacements. Les nôtres lorsque nous voulons aller chercher des blessés, mais aussi ceux des patients qui voudraient nous rejoindre. Les malades et les blessés n’ont pas accès, rapidement et en toute sécurité, aux soins médicaux dont ils ont vitalement besoin, quand ils en ont besoin » dénonce Curbillon.