Un bilan sombre de pouvoir de la Séléka

Un bilan sombre de pouvoir de la Séléka

Un an, ce 24 mars 2014, la situation sur le plan sécuritaire et humanitaire ne s’est toujours pas améliorée dans le pays. Des milliers de personnes ont été tuées ou encore déplacées. Même si  la coalition rebelle n’est plus au pouvoir, avec la démission de Michel Djotodia le 10 janvier 2014, la République Centrafricaine (RCA) a connu le moment le plus sombre de son histoire.
 
Pour la société civile centrafricaine, le peuple centrafricain a été piégé. Joseph Bindoumi, président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme (LCDH), « Beaucoup de gens pensaient qu’avec la chute du régime du président François Bozizé, un autre système aurait pu permettre que le peuple veille à la bonne gouvernance dans ce pays, riche en ressources minières ».

Joseph Bindoumi regrette que : « Malheureusement, un groupe de prédateurs sont venus semer la terreur sur toute l’étendue nationale. Aucune ville, aucun village, aucun groupe, aucune communauté n’a été épargnée par les exactions des éléments de la coalition Séléka ».

La période, allant du 24 mars 2013 au 24 mars 2014, constitue l’ère la plus sombre de toute l’histoire du pays, selon la classe politique centrafricaine. Jamais autant de centrafricains n’ont été tués, massacrés, mutilés, traités de manière inhumaine ou forcés à fuir à l’étranger en un an.

Si la Séléka n’a pu mettre un an au pouvoir, car son chef, Michel Djotodia a été contraint à la démission le 10 janvier 2014, le général Abdel Karim Moussa de l’ancienne coalition rebelle, ne regrette rien. « Je n’ai rien à regretter parce que dans l’armée c’est comme ça. Chacun à son tour chez le coiffeur », a-t-il dit.

Martin Ziguélé, le président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), a reconnu que le pouvoir de la Séléka constitue une épine venimeuse dans les pieds des centrafricains. Car pour Martin Ziguélé, « La Séléka est une parenthèse douloureuse pour la République Centrafricaine ».

La coalition Séléka, formée de trois groupes armés : la Convention des Patriotes pour le Salut du Kodro (CPSK) de Moussa Mohamed Daffane, la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) de Noureldine Adame, et l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) de Michel Djotodjia Am Non Droko, avait réussi à déstabiliser François Bozizé, après 10 années de règne.

La coalition avait déclenché les hostilités le 10 décembre 2012 au nord du pays. Elle avait conquis sans aucune résistance, de nombreuses villes au nord, au centre et à l’est de la RCA.

Le dimanche 24 mars 2013, les rebelles de la Séléka se sont donc emparés de Bangui. Et le lendemain, Michel Djotodia Am Nondokro, le leader du groupe s’autoproclame président et fait un discours à la nation dans lequel « il s’engage à conduire désormais la destinée du peuple centrafricain pendant une période de transition consensuelle de 3 ans conformément aux accords politiques de Libreville ».

Il convient de rappeler qu’à la veille de la prise de pouvoir par la coalition Séléka, Radio Ndeke Luka était sous des pressions et menaces publiques et virulentes de la part de certains membres influents de l’ancien régime de François Bozizé. Les 22 et 23 Mars 2013, Radio Ndeke Luka (RNL) passait des moments les plus inquiétants de sa vie.

Le 24 Mars, Séléka arrive au pouvoir ; aucune disposition n’a été prise pour au moins sécuriser certaines institutions du pays dont les structures des médias.

Malheureusement, RNL, radio de paix, de développement et de proximité hier accusée de connivence avec les rebelles de Séléka figure parmi les premières victimes de cette même coalition.

Pour la première fois dans son histoire, RNL n’a pas émis pendant deux jours, les 24 et 25 Mars 2013. La radio et son personnel ont subi également d’énormes dégâts évalués à environ 30 millions de francs CFA.

Depuis Décembre 2013, après le déploiement des forces françaises de l’opération Sangaris et des soldats sous mandat de l’Union africaine (MISCA), la situation sécuritaire reste déplorable dans le pays et la crise loin d’avoir une issue.