Réactions des politiques et religieux à l’attaque de Notre Dame de Fatima : consternation, demandes de comptes et appels au calme

La tuerie de mercredi dernier à la paroisse Notre Dame de Fatima qui a fait 17 morts et 27 blessés selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, continue à susciter des réactions dans la classe politique centrafricaine.

Le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) par la voix de son secrétaire général, Blaise Fleury Otto, rappelle aux autorités de la transition la nécessité de l’application du mandat des forces internationales déployées en Centrafrique.

« Il y a longtemps que le RDC a demandé le désarmement. S’il y avait eu désarmement, on n’en serait pas arrivé là », constate Blaise Fleury Otto qui demande à la présidente de transition de faire respecter les deux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies. « Le RDC voudrait appeler l’attention sur la résolution 2121 du 10 octobre 2013 qui concerne l’exigence du dépôt des armes par les Séléka et tous les groupes armés, l’application de la résolution 2127 du 5 décembre 2013 en ces paragraphes 28 et 50 en ce qui concerne le mandat de la Misca et des forces françaises en RCA », a déclaré Blaise Fleury Otto.

Le secrétaire général de ce parti interpelle aussi le gouvernement à saisir les commandements des contingents internationaux présents dans le 3e arrondissement le jour où s’est produite l’attaque contre la paroisse Notre Dame de Fatima. « Le RDC voudrait que le gouvernement saisisse le commandement de la MISCA (Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique) afin d’avoir des précisions sur le rôle réel du contingent qui était sur place ce jour-là, lequel contingent aurait dû s’interposer pour empêcher l’acte de ceux qui ont odieusement assassiné tous ces déplacés qui étaient au niveau de la paroisse Notre Dame de Fatima », a-t-il insisté.

Le président du Parti Démocratique pour la Gouvernance (PDG), Jean Michel Mandaba, se dit très touché par cette tragédie. Il s’agit selon lui d’un crime contre le peuple centrafricain. Le président du PDG estime que les manifestations qui se font partout dans la ville de Bangui, sont légitimes. Ces réactions interpellent l’attention des autorités de la transition et celle de la communauté internationales sur la montée de la violence en République Centrafricaine.

« Ce qui m’a frappé, c’est un mal terrible. Il a un mot qui doit être prononcé. C’est la barbarie, le terrorisme, cette violence aveugle qui tuent toujours des innocents. Ce sont des crimes contre l’humanité qui ne resteront pas impunis. Nos enfants ne peuvent plus évoluer dans un tel climat. Il faut faire cesser ces violences pour que des fondamentaux de notre société tels que la tolérance, le respect et la fraternité reprennent leur place », a présenté M. Mandaba.

Par rapport au discours de la présidente, Catherine Samba-Panza, relatif au désarmement des 3e et 5e arrondissements de Bangui, Jean Luc Mandaba pense qu’il est temps de passer des paroles aux actes. Il demande le désarment rapide des auteurs de ces crimes ainsi que leur comparution devant les juridictions compétentes.

« Nous devons-nous rassembler regarder dans la même direction, mobiliser toutes nos forces. Les forces vives de notre nation doivent faire preuve de compréhension et de combat contre toute forme d’extrémisme. Nous devons sonner l’heure de l’unité, de la solidarité, du patriotisme afin que de telles atrocités ne puissent jamais se reproduire. Je formule le vœu que nous empruntions tous le chemin de la sagesse », a estimé le président du PDG.

Le général Xavier Sylvestre Yangongo, candidat déclaré à la présidentielle de 2015, qualifie l’acte d’ « odieu ». « Je condamne ce crime odieux. Que le gouvernement prenne ses responsabilités pour désarmer le Km5 d’abord et les autres secteurs par la suite », a indiqué le général.

Le président de l’Alliance des Evangéliques en Centrafrique (AEC), Pasteur Nicolas Guérékoyamé-Ngbangou condamne aussi la tuerie. Selon lui, les Centrafricains, particulièrement les chrétiens, doivent bannir tout esprit de violence.

« Je voudrais en tant que responsable des ‘‘Evangéliques en Centrafrique’’ lancer cet appel à tous ceux qui se disent chrétiens de comprendre que nous ne pouvons pas continuer dans le cycle de violences et des règlements de compte par rapport à ces actes de barbarie », a fait savoir le pasteur.

Par ailleurs, il demande à la population de continuer à œuvrer pour la paix et la cohésion sociale, « Nous continuons à nous impliquer dans la recherche de la cohésion sociale et demandons aux autorités politiques de trouver des solutions attendues de la part des populations centrafricaines ».

Imam Oumar Kobine Layama, président de la communauté islamique centrafricaine (CICA) se dit chagriné à un moment où des actions sont menées dans le sens d’un retour à la normale. « Je suis désolé car au moment où la plateforme religieuse lance une campagne pour la cohésion sociale, les activités sont suspendues par ces événements malheureux qui ont coûté la vie à plusieurs de nos compatriotes dont l’Abbé Emile Paul Nzalet », a-t-il dit. « Unissons-nous et demandons des comptes à ceux qui troublent la cohésion sociale », a-t-il ajouté.

Sébastien Wénézoui, l’un des leaders des Antibalaka prend à témoin l’opinion nationale et internationale. Il appelle les miliciens Antibalaka à la retenue pour un retour à la normale dans le pays.

« Le peuple et la communauté internationale, le gouvernement et les forces internationales déployées dans le pays sont témoins de ce qui s’est passé. Pour éviter que des accusations soient portées contre les Antibalaka, je leur demande de se calmer et d’observer le silence », a expliqué M. Wénézouï.