Bangassou au bord d’un nouvel embrasement ?

Bangassou au bord d’un nouvel embrasement ?

La situation sécuritaire ne cesse de se détériorer à Bangassou. Même si des affrontements entre groupes armés ne sont pas signalés, la crainte est là. La ville se vide depuis la semaine dernière de ses habitants. Certains fuient en brousse, d’autres vers la localité de Ndu en République Démocratique du Congo.

Au lendemain de l’attaque de la ville de Rafaï (150 Km à l’est de Bangassou) début mars par une bande armée majoritairement peuhls, on constate une forte concentration des éléments auto-défense au centre de Bangassou. Selon des sources locales contactées par Radio Ndeke Luka, ces hommes venus de différentes localités de la région se seraient mobilisés pour contrer une éventuelle attaque de la ville par des hommes armés.

Présence massive et inquiétude

La présence massive des auto-défenses remarquée depuis la semaine dernière à Bangassou inquiète plus d’un. Ceux-ci auraient menacé de s’attaquer au site du Petit Séminaire, abritant des déplacés musulmans. Le 15 mars 2018, une altercation a opposé des déplacés armés de kalachnikovs à un groupe d’éléments auto-défense dans un quartier à la périphérie du site. Les échanges de tirs auraient fait un mort côté auto-défense. Goutte d’eau qui a débordé le vase. Depuis lors, les tirs sporadiques sont devenus réguliers dans la ville, plongeant la population dans la psychose.

Selon le constat du correspondant de Ndeke Luka, toutes les activités sont paralysées dans le 1er arrondissement et même au marché. D’autres témoins rapportent que même le passage des casques bleus dans les rues, crée un sentiment de peur, vu l’arsenal de guerre déployé.

Bientôt un an de violence

Bangassou jadis, un exemple de la cohésion entre différentes communautés a sombré dans le chaos en mai 2017. Des groupes de villageois exaspérés par les exactions des groupes armés ex-Séléka se sont constitués en groupe d’auto-défense. Avec armes de fabrication artisanale, kalachnikovs ou arcs, ils se sont lancés dans une guérilla contre les éléments ex-Séléka, conquérant ainsi, villes et villages jusqu’à Bangassou. Les atrocités qui ont suivi, ont fait plusieurs dizaines de morts selon la Croix rouge locale, plus d’un millier de déplacés au Petit Séminaire catholique et plusieurs milliers de réfugiés en RD Congo.

Bangassou demeure encore la seule ville de la République Centrafricaine dans laquelle plus d’une dizaine de casque-bleus y ont laissé la vie et de nombreux autres blessés. La quasi totalité des ONG qui intervenaient dans la ville ont du surseoir à leurs activités à cause des agissements des hommes armés, prenant les humanitaires aussi pour cible.

Le 12 mars 2018, la base de l’ONG Cordait encore active dans la localité a été vandalisée par des hommes armés assimilés aux auto-défense. Idem pour une partie de la base de MSF.

Même si un préfet et un sous-préfet ont pris service à Bangassou, toute la région échappe encore au contrôle du pouvoir central.