Bangui entre condamnation et appel à une nouvelle journée de protestation

Bangui entre condamnation et appel à une nouvelle journée de protestation

Les réactions fusent à Bangui, capitale de la République Centrafricaine, après l’attaque le 1er mai 2018 de l’église catholique Notre Dame de Fatima dans le 6e arrondissement. Jeudi 3 mai, des députés, des hommes politiques et des acteurs de la société civile sont montés au créneau pour condamner l’acte et appeler les autorités nationales et internationales à plus d’action.

« Je ne peux pas comprendre que nous, Centrafricains, malgré nos divergences n’avons aucun respect pour les lieux sacrés, églises et mosquées« , a relevé Alexandre-Ferdinand Nguéndet, président du Rassemblement des Républicains (RPR). Il s’insurge contre le fait que « des hommes sans foi ni loi assassinent froidement des serviteurs de Dieu« , rappelant le décès du « prêtre » tué dans la Ouaka « par les hommes du mercenaire Ali Darass« , chef de l’UPC.

Alexandre-Ferdinand Nguéndet souligne clairement que « le rôle d’un gouvernement n’est pas de condamner mais plutôt de prévenir« , mettant l’accent sur les « 800.000 signatures » obtenues  il y a 5 ou 6 mois, pour permettre au gouvernement de demander à la force internationale de procéder aux arrestations des chefs de guerre.

Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) a estimé que « la disparition en pleine messe de l’abbé Albert Toungoumalé Baba, grand acteur de la réconciliation, ne doit pas rester vaine« . Martin Ziguélé, son président et député de Bocaranga 3 invite ses concitoyens à « surpasser » les agitations des hommes armés qu’il qualifie de « provocation« .

Dans cette dynamique, M. Ziguélé souhaite que la Mission onusienne et le gouvernement prennent les mesures qui s’imposent contre « ceux qui se sont spécialisés dans la création d’incidents pour mettre en péril la paix et la cohésion sociale« . Pour le politique, il est hors de question de continuer à enregistrer des décès et des blessés « pour des motifs qui ne valent pas la peine« .

Une position soutenue par l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA). « Il y a trop de violences inutiles dans le pays » s’alarme Anicet Georges Dologuélé, président de ce parti et leader de l’opposition. Il appelle par la même occasion les filles et fils du pays à l’apaisement. Nonobstant cette déclaration, le député de Bocaranga 1 attend des autorités « davantage de mesures pour mettre un terme à ce regain de violence en Centrafrique« .

Face à cette 2e bavure des hommes armés du Pk5 à l’église Notre Dame de Fatima, le Groupe de Travail de la Société Civile (GTCS) enfonce le clou. Cette plateforme appelle à l’observation « d’une journée ville morte vendredi 4 mai » selon son porte-parole, Paul-Crescent Béninga. Pour le GTCS, « l’heure est grave » et pour éviter tout contact avec les Forces de sécurité intérieure et les soldats de la Minusca, il invite les Centrafricains « à rester à domicile« . « Un concert de casserole » est prévu vendredi pour marquer la fin de la journée ville morte.

L’église catholique Notre Dame de Fatima, dans l’archidiocèse de Bangui, a été doublement ciblée. Le 28 mai 2014, une attaque qui visait ce lieu de culte avait entraîné le décès de l’abbé Paulo Emile Nzalé et plusieurs autres chrétiens. Le 1er mai 2018, une attaque similaire ciblant la même église a fait une vingtaine de morts parmi lesquels l’abbé Albert Toungoumalé Baba et plus de 200 blessés.

Déjà dans le diocèse de Bambari, l’abbé Joseph-Désiré Angbabata, curé de la paroisse de Séko à 60 km de Bambari, avait été tué le 23 mars 2018 par des hommes armés, dans des conditions aussi identiques.