Centrafrique : des dizaines de déplacés retournent à Djabarona, non loin de Bangui©RNL/Hugues Namkoïssé
Une vue de déplacés du village Djabarona sur la route de Boali, en août 2023

Centrafrique : des dizaines de déplacés retournent à Djabarona, non loin de Bangui

L’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines régions de la République centrafricaine encourage certains déplacés à rentrer chez eux. C’est le cas des habitants de Djabarona, village situé à 45 km de Bangui sur l’axe Boali. Après avoir trouvé refuge à Sido au Nord du pays lors des crises sécuritaires, ceux-ci sont rentrés dans leur localité d’origine. Cependant, leur situation sociale reste préoccupante.

Réunis par bloc, les hommes, femmes et enfants à part, 89 ménages de retournés de Djabarona, jadis transférés à Sido par l’Organisation internationale des migrations, sont logés dans l’enceinte de l’unique école de la localité.

Si le désir de retrouver leur quartier était fort, ces derniers n’oublient pas les souffrances endurées à Sido. Lesquelles souffrances les ont contraints de rentrer à la maison.

« Pour avoir de l’argent, il faut chercher du fagot »

« Là-bas, pour trouver de l’argent, c’était très difficile. Nous étions obligés de cultiver la terre. Mais sans les bœufs, ça ne peut pas marcher. Il n’y a pas de boulot là-bas. Alors, si tu veux avoir de l’argent, avec l’aide de ta femme, tu dois chercher du fagot, le transporter au marché. Mais, si ce n’est pas acheté, il faut le transporter de nouveau à la maison », raconte Ousseni Saleh, chef d’une famille de retournés.

Affectés par la faim, bon nombre de ces retournés se disent heureux d’être à Djabarona, car délivrés du calvaire de Sido.

« Nous sommes obligés de rentrer »

« Nous étions dépassés par cette situation là-bas, car nous n’avions pas de travail. C’est grâce à la vente du fagot que nous parvenions à avoir de quoi manger. Alors, vu cette souffrance, nous nous sommes vus obligés de rentrer à la maison », explique un autre retourné.

Sur le site d’accueil, la solidarité s’organise. Thermos en main, Amina, une villageoise, apporte du thé aux retournés. Dépassés par le poids d’aide aux retournés, certains bienfaiteurs souhaitent que tout aille pour le mieux pour la réintégration de ces personnes.

« Vivre avec eux, nous leur amenons du café, nous sommes très heureux de leur retour. Pour les appuyer, nous voulons seulement la paix pour être à l’abri et que le pays se développe », souhaite Amina.

L’absence d’aide et le retour imminent des élèves à l’école sont, pour le gouvernement et les acteurs humanitaires, des équations à résoudre. D’où cet appel pour un accompagnement d’urgence.

« Leurs premières difficultés, c’est  l’alimentation, la santé ainsi que l’espace. Les enfants doivent aller à l’école. Le site, qui leur est réservé, n’est pas nettoyé. Ils n’ont pas de bâches et manquent de tout. Rien pour les aider en attendant », déplore Abdou Saley, un habitant de Djabarona.

89 ménages sont concernés par ce retour qui va se poursuivre. Les retournés, pour la plupart des éleveurs, comptent sur un appui du gouvernement pour pouvoir relancer leur unité de production.

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