Baba Laddé pose ses conditions pour des négociations à Ndjaména.  Il évoque ses contacts avec des mouvements terroristes

Baba Laddé pose ses conditions pour des négociations à Ndjaména. Il évoque ses contacts avec des mouvements terroristes

Le chef rebelle tchadien, Baba Laddé exige la protection de l’ONU pour se rendre à Ndjaména comme vient de l’y inviter le Médiateur de la République Centrafricaine, Mgr Paulin Pomodimo. Il craint de se faire kidnapper. Sa motivation et les raisons de son refus, ainsi que les conditions qu’il pose sont expliquées dans un long communiqué que Radio Ndeke Luka a reçu samedi 20 août 2011.

Il qualifie de « calomnie et propagande » les accusations de pillage et d’extorsions portées contre ses hommes sur le territoire centrafricain. « Jamais nous ne nous sommes attaqués à des populations civiles. Et je tiens à rappeler que c’est l’Armée Populaire pour la Restauration de la Démocratie (APRD) qui nous a invités à nous installer en Centrafrique. Depuis nous avons fait fuir les zaraguinas et autres bandits des zones où nous sommes présents! Nous protégeons les civils centrafricains ».

Le communiqué évoque ensuite plusieurs situations.

Le Général Baba Laddé affirme ainsi avoir été contacté par 3 émissaires venant du Niger et représentant al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), les Boko Haram du Nigeria, le Front Islamique Tchadien d’Ahmat Tidjani Ismaël Bichara, les Shebab Somalien et al Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA), pour faire une rébellion islamiste en RCA et au Tchad. « J’ai refusé leur argent (des millions d’euros) car je veux un islam moderne et mon modèle est l’AKP au pouvoir en Turquie ».

Il soutient par ailleurs que « des émissaires soi-disant envoyés par des groupes armés m’ont demandé à ce que le Front Populaire pour le Redressement collabore avec eux pour prendre le pouvoir en RCA; je ne sais pas si c’était de vrais émissaires de ces mouvements ou des espions de Déby et Bozizé pour me manipuler. Ces émissaires ont été au nombre de 9 depuis 2 ans. Ils se sont dit successivement envoyés par l’UFDR centrafricaine, la CPJP centrafricaine, la Lord Resistance Army (LRA) ougandaise, les ADF-Nalu ougandais, le FDLR rawando-congolais, le MJE du Darfour, la SPLA Sud-soudanaise, du Sud-soudanais Peter Gadet, du Congolais Jean-Pierre Bemba ».

Même des hauts gradés centrafricains lui auraient demandé de l’aide pour faire un coup d’état contre Bozizé. Il s’est aussi vu proposer de faire du trafic de cannabis, de cocaïne et d’héroïne ainsi que du trafic d’ivoire et d’animaux. « J’ai bien sûr refusé et interdit le passage des trafiquants et braconniers dans les régions où sont stationnés mes hommes. Aucune mafia, aucun gang ne pourra agir tant que nous serons là ».

Pour ce qui est des négociations proposées à Ndjamena, Baba Laddé accepte « à la condition que des forces de l’ONU me protègent pour ne pas me faire kidnapper comme en 2009. Si cela n’est pas possible, je propose que les négociations soient faites à l’étranger… Car dans les conditions actuelles nous ne pouvons faire de négociations à N’djaména ».

Il faut rappeler que de nombreuses sources dont les autorités centrafricaines, le Médiateur de la République et la gendarmerie confirment qu’au moins 65 hommes du FPR du Général Laddé occupent depuis une vingtaine de jours la commune de Pladama Ouaka située entre les villes de Bambari et Kouango.

Suite à cette occupation et les exactions qui ont suivi, Mgr Paulin Pomodimo, médiateur de la république a rencontré le chef rebelle. Ce dernier avait expliqué que l’accord de paix conclu ici même à Bangui il y a quelques semaines n’était plus valable puisque deux de ses hommes ont été arrêtés à Ndjaména.

Mgr Pomodimo avait affirmé le 10 août avoir convaincu leur chef de se rendre à N’Djamena pour discuter avec les autorités.

« Il faudrait que le Tchad prenne ses responsabilités, puisqu’en fait si on voit bien, c’est un Tchadien qui s’est installé chez nous, et il est tout à fait normal que ses problèmes se règlent au Tchad« , avait-il déclaré. On connait à présent les conditions posées par le concerné.

Il faut rappeler que ces éléments du FPR sont pourchassés par l’armée tchadienne et se sont repliés en territoire centrafricain depuis 2008. Ils sont souvent accusés de brigandages et de vols sur les routes.