La mort de Kadhafi, une source tarie pour les régimes en Centrafrique

La mort de Kadhafi, une source tarie pour les régimes en Centrafrique

Comment le peuple centrafricain a-t-il pris la nouvelle du décès de Mouammar Kadhafi, le Guide Libyen ? Quel souvenir garder de cet homme qui avait dirigé d’une main de fer son pays pendant près de 42 ans, et qui a succombé à ses blessures jeudi 20 octobre lors de sa capture près de Syrte en Libye ? Que retenir alors des rapports de la Lybie avec la République Centrafricaine sous le règne du défunt Colonel Kadhafi ?

Dans son édition de la mi-journée de ce samedi 22 octobre 2011, Radio Ndeke Luka a ouvert ce dossier en rappelant quelques repères. La disparition de l’ex-guide libyen ne laisse aucun pays africain indifférent.  Pour certains, le tyran est parti et c’est bien fait pour lui. Pour d’autres, la disparition d’un panafricaniste, même fou, est une perte énorme pour l’Afrique. Avec son argent et sa personnalité complexe, Kadhafi avait réussi à rénover la vieille OUA (Organisation de l’unité africaine) pour la transformer en Union africaine dans la ville Syrte qui l’a vu naître et qui l’a vu mourir ce 20 octobre 2011.

Toutefois, il ne faudrait pas oublier les connivences entre Kadhafi et les dirigeants africains. Sa mort attriste nombre d’entre eux. Ils perdent un camarade de poids sur la scène africaine et aucun d’eux ne voudraient d’une même

Du côté de Bangui, quelle perception a-t-on de ces événements qui interpellent l’ensemble du continent ? Il est difficile de répondre à ses interrogations en l’absence de toute réaction officielle pour l’instant. La seule enregistrée à Bangui date du 5 septembre 2011 quand le gouvernement centrafricain a annoncé reconnaître le CNT (Conseil national de transition) comme « le représentant légitime  du peuple libyen ».

On retiendra toutefois que les relations entre les tenants du pouvoir en RCA et le guide libyen n’ont jamais été comme un long fleuve tranquille. Il avait réussi par exemple à « convertir » l’empereur Bokassa à l’Islam. Ce dernier avait même pris le nom de Salah Eddine, avant de se rétracter quelques jours plus tard. L’actuel Hôtel dit des 500 chambres en finition à Bangui sur l’Avenue de l’Indépendance date cet épisode. Sa construction avait commencé avec les pétro-dollars libyens. Le volte-face impérial avait tout bloqué.

La coopération Centrafrique-Libye sera relancée avec l’avènement de l’ex-président défunt Ange Félix Patassé à la tète de la RCA. Le guide de la révolution Libyenne, le colonel Kadhafi et Ange Félix Patassé, avaient  invité les Etats africains à « ratifier, de toute urgence », le traité de l’Union Africaine. On retiendra également qu’avant de rentrer de son exil togolais, l’ex-président, dans la perspective des élections des élections présidentielles de 2010-2011, avait séjournée longuement à Tripoli, semble-t-il pour obtenir des fonds de campagne du président libyen.

En 2002, pour réprimer l’insurrection lancée par d’anciens soldats fideles à l’ancien chef de l’état-major militaire, le président Patassé avait aussi obtenu du Guide Libyen deux avions qui avaient bombardé la ville de Damara, à 76 km au Nord de Bangui, en vue de chasser les rebelles qui contrôlaient la ville.

Quid de François Bozizé ?

La relance de la coopération entre Bangui et Tripoli, objet de la visite du président centrafricain François Bozizé en Libye en Juin 2004, avait buté sur un contentieux pétrolier, héritage du précédent régime de la RCA. La radio nationale annonçait à l’époque que « Les délégués libyens avaient révélé qu’entre 1999 et 2002, la Grande Jamahiriya avait livré à la RCA plus de 400.000 tonnes de produits pétroliers(…) à un prix préférentiel », ajoutant que seulement 100 millions de dollars avaient été remboursés sur un total de 10 milliards. Cet argent aurait « alimenté les comptes particuliers des centrafricains à l’étranger ».

Un autre objet d’un voyage du Président centrafricain Bozizé à Tripoli avait été la desserte de la capitale centrafricaine par les avions Libyens et la fourniture d’équipements de distribution d’eau potable.

La capitale libyenne avait également servi de cadre pour la signature il y a quelques années de l’Accord de Syrte entre le gouvernement centrafricain et certains groupes rebelles actifs dans le pays. A titre d’exemple, Tripoli continue à ce jour d’héberger des opposants militaro-politiques.

A rappeler également, que le 27 mars 2009 avait eu lieu à Bangui, la signature de deux  protocoles d’accord entre la RCA et la Libye. Ils concernaient la mise en exécution de la campagne agricole mécanique par la grande Jamahiriya marqué par un don de tracteurs, à des fins de labour en RCA, dénommée « Programme vert » et la réhabilitation de la cité des « 14 villas » ainsi que la villa présidentielle située au Camp de Roux.

Last but not least, il faut rappeler que l’actuelle première dame de centrafricaine a été bloquée à Tripoli, aux débuts de la révolution qui a emporté le Colonel Khadafi. Alors que les manifestations de rue avaient entraîné la paralysie de toutes les activités, y compris la fermeture de l’aéroport de la capitale, l’ex-guide avait donné des instructions pour exfiltrer Monique Bozizé, en même temps que le chef de l’opposition nigérien d’alors et actuel président de la République. L’avion avait alors conduit le second à Niamey avant d’aller se poser à Bangui.