La grève des taxis à Bangui est-elle brisée ?

Coup de théâtre ce 02 novembre 2011 à Bangui. Après un moment d’arrêt de travail qui a paralysé toute la ville en début de matinée, les membres du bureau du Syndicat des conducteurs et receveurs des taxis et bus (SCRTB) sont arrivés à Radio Ndeke Luka vers 10h30mn pour annoncer l’arrêt de la grève et « la reprise immédiate de la circulation ». Quelques instants plus tard, ce sont les conducteurs qui ont pris d’assaut la station, pour dénoncer la décision de ces responsables syndicaux, qui selon eux, viennent d’être « corrompus par l’autorité ».

Les membres du bureau de la SCRTB qui ont rendu visite à Radio Ndeke Luka étaient encadrés par des policiers avec notamment le directeur général de la police centrafricaine en personne. Ils ont affirmé que « le gouvernement vient de prendre en charge le taximan blessé le samedi par les éléments de la garde présidentielle. Le ministre de la défense qui est en mission à l’étranger a même appelé pour envoyer un médecin militaire pour les soins du blessé. Les autorités compétentes ont donné des fermes décisions pour prendre désormais en main notre sécurité, donc c’est un pari gagné, et on doit reprendre le travail ».

Ce message, passé en direct dans l’émission A vous la parole qui traitait justement  du sujet, a vite enregistré la réaction négative des chauffeurs de taxi. Plus de 5 taxis, remplis de monde, tous conducteurs, sont arrivés à Radio Ndeke Luka pour « dire non à ce que le Secrétaire vient de dire. Même si le gouvernement a trouvé une solution, nous ne devrons pas reprendre le travail aujourd’hui. C’est comme une insulte. Nous avons trop souffert et nous ne sommes pas prêts à revivre la même chose ».

La base qui pense que « nos responsables ont été corrompus par les autorités », a demandé leur démission. Les conducteurs affilés au SCRTB ont même érigé une barricade à l’entrée du siège du syndicat, pour empêcher les responsables de revenir dans les locaux.

A 12H (heure de Bangui), la circulation était encore toujours timide dans les artères de la capitale, au vu de la confusion de la situation sur le terrain.

La circulation a été sensiblement paralysée dans la matinée, suite à ce mouvement. Des échauffourées entre la police et les grévistes ont été également signalées dans certains coins de la capitale, suivi des cas d’arrestation.

Les grandes artères de la capitale ont été vides et « on a aperçu de longues files de piétons en queue-leu-leu qui se rendaient dans leurs lieux des activités respectives », a constaté le reporter de Radio Ndeke Luka. Le syndicat a affirmé que « le mouvement a été suivi à cent pour cent ».

Ces échauffourées ont commencé au moment où des piquets de grève ont commencé à s’en prendre à certains taxis et bus, y compris à ceux de la Société nationale des transports urbains (SONATU) qui n’ont pas observé le mot d’ordre de grève.

Le reporter de Radio Ndeke Luka a répertorié ces incidents « au niveau de Combattant où un bus de la SONATU a été pris à parti tôt le matin ; au niveau du Marché Bibalé la police avait tiré en l’air pour disperser certains conducteurs qui tentent de bloquer la circulation et au niveau de Langbassi où le pare-brise de la voiture du directeur général de la police a été cassé par une pierre. Les auteurs de ces actes au nombre de quatre ont été tous arrêtés ».

Mardi dans la journée un communiqué de la direction générale de la SONATU affirmait « avoir pris acte de la revendication et demande au gouvernement de prendre les mesures nécessaires à la sécurité des transporteurs ».

Le syndicat a mis fin à cette journée sans taxis, mais elle maintient toujours sa décision d’observer un arrêt de la circulation des taxis et bus dès 19 heures à compter du lundi 7 au lundi 14 novembre prochain.

Le syndicat à travers ce mouvement entend attirer dénoncer les exactions commises dans les deux dernières années passés par les éléments de l’armée, de la police ou de la gendarmerie sur les conducteurs et receveurs des taxis et bus en Centrafrique.