Centrafrique : l’OGDC saisit le ministère des Finances sur de possibles malversations financières à l’Université de Bangui
Façade de l'Université de Bangui. Photo: RNL/Hervé Séréfio

Centrafrique : l’OGDC saisit le ministère des Finances sur de possibles malversations financières à l’Université de Bangui

L’Observatoire pour la gouvernance démocratique en Centrafrique (OGCD) entend voir clair dans la traçabilité de certains frais payés par les étudiants aux différents services de l’université de Bangui. Selon cette organisation de la société civile, qui a alerté mi-février 2024 le ministère des Finances, certains frais payés par les étudiants ne profitent pas à l’Etat. 

L’alerte de l’OGDC fait suite aux multiples plaintes des étudiants de l’université de Bangui. Ces derniers temps, l’on note une hausse, parfois injustifiée, des frais d’accès à certains services sur le campus universitaire. De nombreux étudiants se disent dépassés mais n’osent pas dénoncer ouvertement par crainte de représailles des responsables de cette université.    

L’indignation est beaucoup plus grande au sein de la Faculté des lettres et Sciences humaines. A titre d’illustration, il y a quelques années, le département des Sciences de l’information et de la communication (DSIC) imposait aux étudiants en journalisme le paiement d’une somme de 15.000 francs CFA puis de 30.000 francs comme frais de laboratoire. Aujourd’hui, le montant est réévalué à 50.000 francs sans aucune explication valable et, bien entendu, sans l’existence d’un laboratoire. En plus de ce montant, un étudiant régulier doit verser 7.500 francs CFA comme frais d’inscriptions.

Si les frais d’inscriptions sont payés à la banque, ce n’est pas le cas pour les autres montants collectés. Face à la hausse et la multiplicité de ces frais, certains étudiants se disent découragés.

 « Cette situation nous décourage beaucoup »

«J’ai été victime de cette pratique l’année dernière. J’ai repris ma classe parce que je n’avais pas payé dans le délai et pourtant j’avais validé toutes les matières. Cette situation nous décourage beaucoup car le temps est dur pour le moment. Certains de nos collègues sont obligés d’arrêter les cours pour retourner au quartier », a témoigné un étudiant sous couvert de l’anonymat.

Une étudiante du DSIC a abandonné ses études l’année dernière parce qu’elle n’avait pas d’argent pour payer ces frais d’écolage : « Cette année, j’ai repris les cours grâce à l’appui de ma mère » s’est-elle confiée.

Le ministère des finances saisi

Si cette situation a quand-même duré, elle attire cette fois l’attention de l’Observatoire pour la gouvernance démocratique en Centrafrique. L’organisation a saisi le ministère des Finances pour plus de traçabilité concernant ces frais.

« Il y a divers frais qui sont payés à l’université de Bangui mais directement à la banque. Là, il n’y a aucun problème car il y a une traçabilité. En dehors des frais d’inscriptions, nous payons encore d’autres ici à l’université. D’abord, pour qu’on nous délivre le quitus d’inscription, cela varie d’une faculté à une autre. Chaque année, ils augmentent les frais. Ce n’est pas clair », a dénoncé Elysée Nguemale, coordonnateur de l’OGDC.

L’organisation incite le département des Finances à y voir clair car elle soupçonne de possibles malversations financières dans la collecte de ces divers frais.  

Le payement des frais à l’université de Bangui continue de susciter des débats sur le campus universitaire. L’existence de certains de ces frais exigés dans certains départements pousse de nombreux étudiants à abandonner les études.

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