Centrafrique : des retournés de Bégoua réclament leurs parcelles et maisons abandonnées pendant la crise sécuritaire
Mairie de la Commune de Begoua. Photo: RNL/Hervé Séréfio

Centrafrique : des retournés de Bégoua réclament leurs parcelles et maisons abandonnées pendant la crise sécuritaire

Après la crise sécuritaire qui a secoué la République centrafricaine, le pays fait face à une nouvelle forme de conflit. C’est le foncier qui prend le dessus et représente plus de 60% des dossiers traités dans les tribunaux. A Bangui, dans la commune de Bégoua, des retournées peinent à récupérer leurs parcelles et maisons occupées par d’autres personnes. Ceux-ci demandent aux autorités de voler à leur secours.

Yaouba Bi Maliou, était obligé d’abandonner le quartier Zacko, dans le secteur PK13 à la sortie Nord de Bangui, en raison des violences armées déclenchées fin 2013. Depuis son retour en Centrafrique en 2016, il n’arrive pas encore à regagner sa maison occupée malgré de multiples négociations et démarches judiciaires. Les occupants de sa maison opposent une fin de non recevoir à sa demande et menacent même de s’en prendre à lui s’il s’entêtait à vouloir récupérer son bien.

A l’exemple de Yaouba Bi Maliou, beaucoup d’autres retournés sont dans cette situation. Ils appellent les autorités à l’aide.

« J’attire l’attention des autorités»

« Nous voulons regagner nos domiciles au PK13. Mais, ceux qui les occupent refusent de nous les libérer. On a négocié en vain. Moi, personnellement, j’ai remis 500 mille francs CFA aux occupants de ma maison, parce qu’ils ont aménagé les lieux. Ils refusent de quitter la maison, en alléguant que c’est le chef Fouré qui leur a donné la maison. Voilà pourquoi, j’attire l’attention des autorités sur cette situation afin qu’elles nous trouvent une solution », se plaint Yaouba Bi Maliou.

« On m’accuse partout »

Si pour la plupart, les plaignants accusent le chef du quartier Zacko, Hyppolite Fourré, de ne pas leur faciliter la tâche, l’autorité locale balaie du revers de la main ces accusations.

« On m’accuse partout. Du côté des non musulmans, l’on dit que c’est moi qui cherche à ramener les musulmans dans le secteur. Du côté des musulmans, c’est moi qui ai vendu leurs terrains après leur départ. Face à cette situation, je me trouve aussi dans l’insécurité. Comme le maire l’a si bien dit, si un retourné a tous les documents de sa propriété, qu’on le laisse regagner sa parcelle. Mais, s’il n’en dispose pas, je le conduis à la mairie. Le maire me soutient dans ces démarches», se défend le chef Hyppolite Fourré.   

Décisions de justice non appliquées

Ces conflits persistent malgré les décisions de justice relatives à certains cas.  Selon Jean-Marc Kessa, huissier de justice, certains habitants s’opposent à l’application des décisions de justice. Il dit avoir été témoin d’une agression entre des retournés et des occupants illégaux de leurs domaines au début du mois de février 2024.

« J’étais sur le terrain juste pour délivrer  un acte de réassignation des terrains aux gens qui ont occupé les parcelles des membres de la communauté peulh vers PK 13-Landô. Malheureusement, certains porteurs de tenue étaient positionnés dans le secteur, ils nous ont poursuivis pour nous agresser. Ils ont voulu s’en prendre à un plaignant mais j’ai fait de mon mieux pour le faire sortir de là », témoigne l’huissier de justice.

En République centrafricaine et particulièrement dans les communes de Bimbo et Bégoua, les litiges fonciers demeurent les principaux dossiers traités au niveau des tribunaux et autres juridictions nationales. Ces problèmes d’occupation de parcelles et maisons des déplacés viennent s’ajouter aux multiples conflits fonciers encore pendants devant la justice.

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