Centrafrique : les forces camerounaises accusées de rackets à la frontière de Garoua-Boulaï
Des taxis-motos stationnant au poste frontalier de Cantonnier (Centrafrique) en face de Garoua-Boulaï (Cameroun). Photo : RNL/Igor Djeskin Senapaye

Centrafrique : les forces camerounaises accusées de rackets à la frontière de Garoua-Boulaï

Des Centrafricains vivant à Cantonnier, dans la Nana-Mambéré, décrient le comportement des forces de défense et de sécurité camerounaises qui leur imposent des frais au poste frontalier avant de traverser la frontière. Pour eux, cette attitude empêche la libre circulation des biens et des personnes. Une situation reconnue par les autorités centrafricaines qui promettent d’engager des discussions avec leurs homologues du Cameroun.

L’exaspération est à son comble depuis que les habitants de Béloko et Cantonnier dénoncent l’occupation illégale d’une partie du territoire centrafricain par le Cameroun voisin. Les tracasseries policières viennent s’y ajouter.

Selon de nombreux témoignages, il devient difficile aujourd’hui de circuler librement entre Garoua-Boulaï et Cantonnier en raison des tracasseries imposées par les forces camerounaises.

« Ils nous exigent de leur verser de l’argent »

« Ils savent que nous sommes des frères mais si nous partons là-bas, ils nous exigent de leur verser de l’argent. Même si nos épouses partent pour payer des provisions pour la famille, ils leur demandent de l’argent. C’est beaucoup plus difficile pour les gens qui n’ont pas de papiers. Certains se font arrêter et même transférer dans la prison de Bertoua. Ils ne nous rendent pas service. Nous demandons au président Touadera de régler cette affaire avec son homologue Paul Biya », souhaite Boris Yangué, un habitant de Cantonnier.

Principe de réciprocité

Pour Athanase Maléyombo, un jeune de Cantonnier, le système mis en place par le Cameroun viole la législation communautaire de la CEMAC en ce qui concerne la libre circulation des biens et des personnes.

« Ils viennent ici régulièrement sans papier pour acheter du charbon et faire leurs besoins. Ils ne sont pas inquiétés. Mais si nous partons là-bas pour nos achats, ils nous imposent de payer des frais de formalité. Ils interdisent à nos frères qui n’ont pas de carte nationale d’identité de rentrer chez eux. Nous demandons au gouvernement de doubler de vigilance sur cette situation ici à Cantonnier », suggère Athanase.

Les forces de sécurité publique de la République centrafricaine se disent dépassées par cette affaire. Mais des sources au sein du commissariat parlent de violation du principe de réciprocité par le Cameroun.

Même le sous-préfet de Baboua, Lucien Bélédé, se dit conscient de ce problème.

« Jusqu’alors, ils continuent à le faire. J’ai même effectué un déplacement pour constater cela. Effectivement, les Centrafricains qui se rendent de l’autre côté pour aller faire des achats, on leur impose même sur des marchandises insignifiantes des frais à payer. J’ai dit aux autorités camerounaises que c’est inadmissible que cela puisse continuer », dit-il.

De leur côté, les autorités camerounaises ne sont pas encore prononcées sur ces témoignages mettant en cause leurs forces de défense et de sécurité.  

La tension reste vive entre le Cameroun et la RCA à la frontière de Cantonnier-Garoua-Boulaï. En toile de fond, l’occupation d’une partie du territoire centrafricain sur la zone tampon par le Cameroun.

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