Centrafrique : près d’une vingtaine de civils tués par des hommes armés non loin du village Kella-Maoulé dans l’Ouham-Pendé
Eléments d'un groupe armé actif dans le Nord-ouest centrafricain. Photo d'illustration. Tous droits réservés

Centrafrique : près d’une vingtaine de civils tués par des hommes armés non loin du village Kella-Maoulé dans l’Ouham-Pendé

Au moins 18 civils ont été froidement abattus, ce 02 avril, près du village Kella-Maoulé, situé à 40 kilomètres de Bohong dans l’Ouham-Pendé. Selon des témoignages recueillis par Radio Ndeke Luka, le drame est attribué à des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).

Selon plusieurs sources contactées par Radio Ndeke Luka, les personnes abattues ont été invitées par les assaillants pour une réunion relative à la transhumance et à la lutte contre le vol de bétail. C’est au lieu du rendez-vous que le drame s’est finalement produit. La nouvelle a plongé toute la zone dans l’émoi et dans la peur.

Si de nombreuses interrogations demeurent sur les circonstances et les auteurs de cette tragédie, plusieurs sources accusent les éléments de 3R, un groupe rebelle membre de la CPC et actif dans la région du Nord-ouest.

 « Les rebelles ont tiré à bout portant»

« Le drame s’est produit à 16 km de Kella-Maoulé. Nous ignorons encore les raisons. Est-ce qu’ils ont volé du bétail ? Est-ce qu’ils ont commis un acte ? Nous ne savons encore rien du tout sur ce qu’il s’est passé. Les éléments de 3R ont invité ces gens à une réunion. Sur le lieu, ils ont tiré à bout portant sur ces personnes », a témoigné Jean Ndio, un conseiller municipal, déplorant par ailleurs l’absence des forces de défense et de sécurité dans la zone.

Si l’armée continue de se déployer dans les régions du Nord-ouest de la République centrafricaine, plusieurs zones ne sont pas encore sécurisées. Des milliers de civils sont ainsi laissés à la merci des bandes armées, lesquelles orchestrent des attaques surprises afin de dépouiller les populations de leurs biens.

Un bilan lourd

Selon une autorité locale, au moins 17 corps ont été recensés dont 13 sur le lieu de la rencontre.

« Hier, nous avions dénombré treize (13) corps sur place. Quelque temps plus tard, nous en avons encore découvert quatre (4) autres. Ce qui fait un total de 17 personnes tuées. Ceux qui ont commis ce forfait sont des éléments de 3R. Ceux-ci sont venus dire à la population de ne plus cultiver dans la zone. C’est en marge de cette rencontre qu’ils ont abattu ces personnes », a déploré Jonas Gaïngo, maire du 2ème arrondissement de Bohong.

Face à ce nouveau drame, les autorités locales appellent Bangui à déployer des militaires dans la localité de Bohong et dans les villages périphériques, des zones encore sous influence des éléments de 3R.

Une enquête est ouverte

Alors que le parquet de Bouar n’a pas encore réagi à ce crime, la brigade de gendarmerie de Bohong, près du lieu du drame, s’est déployée dans la localité pour ouvrir une information judiciaire. Entretemps, à Bangui, le gouvernement, à travers son porte-parole, promet de réagir ultérieurement. Ce drame intervient près de 5 ans après le massacre de Koundjili et Lemouna (Ouham-Pendé). A l’époque, des éléments de 3R avaient rassemblé certains habitants de ces villages, prétextant qu’il s’agissait d’une réunion de paix. A l’occasion, ces hommes armés ont ouvert le feu sur la foule, tuant une trentaine de villageois. Les principaux accusés ont été jugés et condamnés par la Cour pénale spéciale, en octobre 2022, à 20 et 30 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

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