Centrafrique : de nombreuses interrogations après la fermeture des portes de la CVJRR par les forces de sécurité
Les commissaires de la CVJRR avec des victimes le jour de la validation du formulaire d'audition des victimes en décembre 2023. Photo : RNL/Christ-Roi Jordan Bandengbe.

Centrafrique : de nombreuses interrogations après la fermeture des portes de la CVJRR par les forces de sécurité

Depuis plusieurs jours, une crise mine le bon fonctionnement de la Commission vérité, justice réparation et réconciliation (CVJRR). Vendredi dernier,  les portes du siège de l’institution, situé dans le 2e arrondissement de Bangui, ont été fermées par les forces de sécurité. On ignore encore les raisons de cette fermeture. Toutefois, les commissaires, eux, parlent d’une décision qui vient d’en haut et dont les motivations restent obscures.

La fermeture des portes de la CVJRR intervient au moment où cette commission se prépare à lancer ses premières audiences publiques dans le pays. Selon des sources proches de l’institution, ces audiences devraient avoir lieu après l’audition de certaines victimes dans les villes de Bossangoa, dans l’Ouham, et Ndélé dans le Bamingui-Bangoran.

Pourquoi les portes de cet organe, censé contribuer à la paix et à la réconciliation, ont-elles été fermées ? Pour le moment, aucune information y relative n’est encore disponible. Contactée par Radio Ndeke Luka, la présidente, Marie Edith Douzima, de cette commission affirme n’avoir eu aucune notification des autorités avant le débarquement des forces de sécurité.

« Tous les commissaires étaient au bureau, vendredi dernier, lorsque les forces de l’ordre ont fait irruption pour déguerpir tout le monde avant de fermer les portes de l’institution », a fait savoir Me Marie Édith Douzima, avant de souligner que la décision, selon ces porteurs de tenue, venait d’en haut. Une information confirmée par le premier vice-président et quelques commissaires.

Cette situation affecte les victimes qui estiment qu’elle constitue un frein à l’organisation des premières audiences publiques, un début d’espoir pour les réparations.

« Il faut d’abord préparer les victimes »

« Pour organiser une tribune populaire, il faut d’abord préparer les victimes. S’il s’agit de l’audience publique, des victimes vont témoigner. Certaines vont se souvenir de ce qu’elles ont vécu. Plus grave encore, la CVJRR tend à la fin de son mandat. Les choses doivent normalement aller de l’avant. Mais aujourd’hui, on se retrouve avec cette information. On ne sait pas de quoi il s’agit », a déploré Francine Evodie Ndémadé, coordonnatrice de la Plateforme des associations des victimes de la crise en RCA.

La fermeture des portes de la CVJRR intervient quelques jours avant l’organisation de la 9ème Journée nationale des victimes, célébrée le 11 mai de chaque année.

Cette institution a été créée en 2020 parallèlement à la Cour pénale spéciale pour favoriser la réconciliation et promouvoir la paix à travers une justice transitionnelle.

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