Centrafrique : le trafic d’organes humains menace la stabilité dans la Sangha-Mbaéré
Une embarcation sur la Sangha à Nola.

Centrafrique : le trafic d’organes humains menace la stabilité dans la Sangha-Mbaéré

Dans la préfecture de la Sangha-Mbaéré, le trafic d’organes humains devient un problème de sécurité publique. Cette montée de criminalité fragilise le climat sécuritaire dans les localités de Bilolo et Salo. Désespérée, la population demande le renforcement du dispositif sécuritaire pour protéger la région.

Selon la population locale, le village Gnanti, proche de la frontière avec le Cameroun, devient l’épicentre du trafic d’organes humains dans le Sud-ouest centrafricain.

Généralement, les trafiquants déterrent des corps ensevelis, prélèvent les organes dont ils ont besoin ou encore s’en prennent à des vivants, les tuent et prélèvent leur sang ou leurs organes. 

Face à cette pratique devenue récurrente, de nombreux habitants se disent dépassés et souhaitent qu’une solution urgente soit trouvée.

 « Ils ont vendu ses organes »

« Mon frère aîné est décédé et on l’a enterré. Peu de temps après, on nous informe que son corps a été déterré. J’étais parti constater cela moi-même. C’est seulement son squelette que nous avons retrouvé. Je remets cette situation entre les mains de Dieu car je sais qu’ils ont déjà vendu ses organes », témoigne Précie Métiba, une habitante de la région.

Un trafic transfrontalier

A en croire, les habitants des localités touchées par ce phénomène, les trafiquants font la navette entre le Cameroun, la République du Congo et la République centrafricaine. Pour les responsables de la société civile de ces villes, il s’agit d’une violation des droits de l’Homme. Ils appellent au renforcement du dispositif sécuritaire dans ces localités afin de contrer la montée de cette pratique.

 « Des sujets étrangers s’infiltrent dans la région. Ils prélèvent du sang des enfants, des femmes et des hommes. Nous vivons dans la psychose. Ce trafic d’organes humains est devenu monnaie courante dans la région. Car nous n’avons pas assez d’agents de défense et de sécurité afin de lutter contre ces gens-là. Nous demandons un renfort du dispositif sécuritaire pour nous permettre de vaquer librement à nos activités », souhaite Léon Pémbélé, président de la jeunesse de Bilolo.

Alain Aloundou, premier conseiller à la mairie de Salo, souligne que cette pratique ternit l’image de ces localités. Pour lui, les notables n’ont pas les moyens appropriés pour lutter contre le phénomène.

« Des fois, des jeunes emmènent des organes saisis à la brigade de gendarmerie. Les forces de sécurité aussi mettent la main sur les trafiquants. Malheureusement, nous ignorons la suite de ces affaires.  Souvent, on arrête les trafiquants avec leurs produits mais ils sont libérés quelques jours plus tard et les organes saisis sont introuvables. On s’interroge sur ce qu’il se passe réellement », affirme le conseiller

Selon le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Nola, des actions fortes seront engagées contre cette pratique dans la région. Cependant, il n’a pas précisé la nature de ces actions moins encore leur calendrier.  

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