Jean-Jacques Demafouth arrêté à Bangui

L’ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, chef de file des ex-rebelles de l’Armée Populaire pour la Restauration de la Démocratie (APRD), et actuel 1er Vice-président du Comité de pilotage du Désarmement Démobilisation et Réinsertion (DDR), vient d’être arrêté ce vendredi 6 janvier 2012, à la Section de Recherche et d’Investigation (SRI) à Bangui. Son arrestation, la seconde du genre, a eu lieu aux environs des 10 heures locales (11TU) de ce vendredi.

Selon une source proche du parquet, M. Demafouth et plusieurs autres personnes se sont engagés dans la voie de la déstabilisation du pays à travers une coalition de la rébellion. Joint au téléphone par l’AFP depuis Libreville, M. Demafouth, ancien ministre de la Défense, a nié ces accusations, confirmant être en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie à Bangui.

D’après d’autres sources de Radio Ndeke Luka, ces personnalités en question arrêtées sont entre autres l’ancien ministre de l’habitat Gotron Ndjono-Haba et actuel député de Birao II, ainsi que Mahamath Abras, député sortant de la même localité. Ils sont tous deux les politico-militaires appartenant à l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR).

« On m’a arrêté ce matin vers 11h. Je suis actuellement à la gendarmerie. On m’accuse de vouloir prendre la tête d’une fusion de trois autres rébellions: la CPJP (Convention des patriotes pour la justice et la paix), l’UFDR (Union des forces démocratiques pour le rassemblement) et le MLCJ (Mouvement des libérateurs centrafricains pour la Justice), mais je n’ai rien à voir avec ça. Je ne suis au courant de rien. C’est complètement faux », a affirmé M. Demafouth, arrivé en 5ème position à la présidentielle de 2011 avec 2,79% des voix, et qui avait également été candidat en 2005.

Agé de 54 ans, M. Demafouth, avocat de profession, avait accepté de prendre en 2008 la tête de l’APRD au cours du processus de paix qui a conduit à la signature d’un accord entre la plupart de mouvements rebelles et le pouvoir. Il est à ce titre vice-président du Comité de pilotage du programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) des anciennes rébellions, processus en cours.

Egalement président de la Nouvelle alliance pour le progrès (NAP), M. Demafouth a ajouté: Cette affaire… c’est dommage. On craint qu’il y ait des réactions sur le terrain alors que le DDR était en cours et était en bonne voie.

Selon une source proche de la gendarmerie, M. Demafouth s’est rendu vendredi matin au cabinet du ministre de la Justice Firmin Findiro où il était convoqué. Au moment où il était reçu par le ministre, les responsables de la SRI (Section recherches et investigations), dont le capitaine Papy Bozizé, fils du chef de l’Etat, ainsi que des éléments de la gendarmerie sont arrivés peu de temps après à la chancellerie.

Ils sont restés un peu plus d’une heure enfermés au cabinet. Puis, Jean-Jacques Demafouth encadré par les responsables de la SRI et leurs éléments, sont sortis par la porte de derrière de la chancellerie en direction de la SRI, a précisé la source.

De source de la gendarmerie, l’une de deux autres personnes arrêtées est Gontran Djono Ahaba, ex-ministre et actuel député de Birao.

L’APRD, le MLCJ et l’UFDR avaient adhéré à l’accord de paix de Libreville en 2008. La CPJP avait signé un cessez-le-feu avec les autorités de Bangui en juin, sans pour autant intégrer l’accord global de paix de Libreville de 2008.

La CPJP et l’UFDR s’étaient affrontées en septembre lors de combats qui avaient fait 50 morts avant de signer un cessez-le-feu en octobre.

D’après Amnesty international, au moins 14 groupes armés dont la rébellion ougandaise LRA (l’Armée de résistance du Seigneur) ou tchadienne FPR (Front populaire pour le redressement (FPR), continueraient de sévir en Centrafrique.

En rappel, à l’époque de l’ex président de la République Centrafricaine feu Ange-Félix Patassé, Jean-Jacques Demafouth a été arrêté pour atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, jugé et blanchi par la Justice de Bangui. Il a été un des candidats malheureux à la dernière présidentielle, remportée dès le 1er tour par l’actuel président François Bozizé. Un scrutin décrié par l’opposition de ce pays.

Jean-Jacques dirige à ce jour le parti politique dénommé Nouvelle Alliance pour le Progrès (NAP).