Centrafrique : à la découverte d’un réseau de consommation de drogue au Km5 à Bangui
Une personne en train de se droguer par voie intraveineuse. Image : Tous droits réservés.

Centrafrique : à la découverte d’un réseau de consommation de drogue au Km5 à Bangui

La consommation des stupéfiants prend de l’ampleur ces derniers temps dans une partie du 3ème arrondissement de Bangui, notamment au Km5. Ces drogues sont consommées soit par voie orale, soit par voie intraveineuse. Une pratique qui inquiète plus d’un. Les autorités annoncent une vaste opération dans les jours à venir.

Dans l’une des ruelles du marché soudanais, devant les petites pharmacies de fortune, des jeunes gens se droguent par voie intraveineuse. Ce, au vu et au su de tout le monde. Devenant de plus en plus agressifs, ceux-ci s’en prennent facilement aux passants. Non loin de là, se trouve le kiosque de Soulé. Ce dernier qui vend des produits dopants, déconseille sa consommation.

« Ces drogues sont mauvaises »

« Ce sont des drogues. On a le Tramadol injectable 100 milligrammes et petit piment. Mais, le Tramadol injectable est très dangereux. Le surdosage du petit piment est aussi dangereux. Ce sont ces produits qui renforcent les conducteurs de mototaxi, les transporteurs et les pousseurs. Ces drogues sont mauvaises », dit-il.

Habitué à consommer la drogue pour la voie orale, Nassir explique son quotidien. « C’est depuis 2018 que j’ai commencé à m’injecter avec ces produits. Mais pour l’instant, je prends par voie orale. Si je ne les prends pas, j’ai mal partout, je ne dors pas bien la nuit et j’ai la tremblote », affirme-t-il.

Cette pratique inquiète de plus en plus les leaders communautaires de cet arrondissement.

« Levons-nous pour dénoncer »

« C’est condamnable pour tout le monde. Ceux qui importent ces produits-là, leur place est en prison. Parce qu’aujourd’hui, la drogue décime l’avenir de la jeunesse. Alors, levons-nous pour dénoncer et condamner cette pratique. Même si c’est mon enfant, je dis non », martèle Ahamat Déléris Rator, président du Conseil supérieur islamique de Centrafrique.

Selon les responsables sanitaires, les conséquences de la drogue sur la santé sont nombreuses.

« Le drogué est accro à la drogue »

« Quelqu’un qui se drogue n’arrive plus à se maitriser ; à poser des actes de manière réfléchie. Il a aussi la perte des facultés cognitives. Ce qui fait que lorsqu’il réfléchit, son analyse ne va pas loin. Puisque, plusieurs choses lui traversent la tête. Il y a aussi l’accoutumance. Le drogué est accro à la drogue », précise Dr Valentin Nebanga, chef du service de promotion de la santé au ministère de la Santé publique.

Face à ce phénomène, les autorités annoncent de mesures robustes contre les consommateurs et vendeurs.

 Une opération de grande envergure

« Toute forme de banditisme que nous subissons en RCA, c’est lié à la consommation de la drogue. Présentement, nous sommes en train de préparer une opération de grande envergure. Sur instruction du ministre de la Sécurité publique, nous serons peut-être appuyés par certains collaborateurs de l’OCRB voire des CNS « , assure SimJoaki Danigoumandji, directeur de l’Office central de lutte anti-drogue.

La consommation abusive et continue de stupéfiants est l’un des facteurs de la montée du banditisme dans le 3ème arrondissement de Bangui. Pour les observateurs sociaux, le gouvernement doit faire de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité.

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