Durant les deux dernières semaines du mois d’août, une rumeur a secoué la ville de Bangui, après Bambari un mois plus tôt. Selon cette rumeur, des hommes perdaient leurs sexes sous l’effet d’une pratique mystérieuse. Cette nouvelle a aussi traumatisé Gutenberg Socrate Taramboye, Secrétaire permanent chargé des Affaires extérieures du Conseil consultatif de la jeunesse centrafricaine.
Que savez-vous de la désinformation et d’une fausse nouvelle ?
« La désinformation est un ensemble de pratiques et techniques de communication visant à influencer l’opinion publique en diffusant volontairement des informations fausses, faussées ou biaisées. Le terme est à distinguer de la fausse nouvelle ou erreur d’information qui consiste à diffuser une information fausse de manière involontaire. »
Vous souvenez-vous d’une expérience de désinformation ou de rumeur que vous avez vécue ? Quelles-en ont été les conséquences ?
« Comme tout centrafricain, j’ai vécu le phénomène de la désinformation et subi les impacts majeurs de la celle-ci. Je parle de l’expérience la plus récente : l’histoire de disparition des sexes des hommes à Bangui. Cette nouvelle a angoissé tout le monde. D’un côté, des internautes ont été inondés d’informations de tous types avec des contenus manipulés, trompeurs et fabriqués de toutes pièces. De l’autre côté, dans les quartiers de Bangui, la population a été dominée par des rumeurs communément appelées « Atènè ». Des fausses accusations partout dans la ville, provoquant plusieurs attroupements. On pouvait constater quatre ou cinq regroupements des habitants de la ville de Bangui en une seule journée. Des personnes innocentes torturées juste, parfois à cause de leur corpulence bizarre, ou à cause d’une raison dont nous ignorons. J’avais peur de circuler dans la ville de Bangui. J’ai passé des jours à la maison pour me protéger puisqu’on disait que si ces personnes touchaient seulement tes épaules, ton sexe allait disparaître. Toute la population était angoissée, ce qui entraînait la restriction des activités dans la ville, comme si c’était une ville morte. Des ethnies s’accusaient et une certaine catégorie de la population était marginalisée, surtout les villageois qui venaient à Bangui.
Toute cette panique, mais en fin de compte, aucune preuve jusqu’à présent. Je n’ai vu aucune victime qui a perdu son sexe, ni même rencontré un témoin oculaire de cet événement fabriqué. Et les conséquences sont dramatiques sur le plan communautaire. Cette désinformation sur la disparition des sexes a entraîné devant moi des actions violentes, causant des préjudices à la santé physique et psychologique de certaines personnes.
Que faut-il faire pour lutter activement la désinformation dans notre pays ?
J’émets une alerte face à cette montée inquiétante de la désinformation à tous les centrafricains sans distinction. Je les exhorte à faire preuve d’une vigilance accrue. Afin qu’ensemble, nous puissions combattre activement la désinformation dans notre pays pour enfin favoriser son développement.
#StopAtènè, la cellule de Radio Ndeke Luka qui lutte contre la désinformation, les rumeurs et les messages de haine.