Centrafrique : un expert de l’ONU doute sur la capacité de l’ANE à tenir les élections dans le délai
Yao Agbetse, expert indépendant de l’Onu sur le dossier centrafricain. Photo : Tous droits réservés.

Centrafrique : un expert de l’ONU doute sur la capacité de l’ANE à tenir les élections dans le délai

Dans un rapport publié le 26 juin dernier, Yao Agbetse, l’expert indépendant des Nations Unies en République centrafricaine, a exprimé des doutes quant à la capacité de l’Autorité nationale des élections (ANE) à organiser les prochaines élections dans les délais impartis. Le document met en lumière de sérieux obstacles d’ordre opérationnel.

Le rapport dresse un diagnostic de l’organe technique chargé de l’organisation des élections prévues cette année. Pour l’expert indépendant de l’ONU en RCA, « malgré l’appui multiforme apporté par les autorités nationales et les partenaires techniques et financiers à l’ANE, les dysfonctionnements internes persistants ont entravé son efficacité, ce qui compromet le respect du calendrier électoral ».

Yao Agbetsé fonde ses inquiétudes sur plusieurs éléments structurels qui freinent l’ANE dans la mise en œuvre de son chronogramme électoral, insistant notamment sur le retard accusé dans la publication de la liste électorale révisée. Selon lui, cette liste constitue une base fondamentale pour garantir la transparence, la crédibilité et l’inclusivité du processus. Or, jusqu’à présent, l’ANE n’est pas parvenue à produire ne serait-ce qu’une version provisoire de ce document, a souligné l’expert. « Il s’agit d’une situation grave, car la publication d’une liste électorale définitive était prévue pour le 29 mai 2025, afin de permettre au gouvernement de publier le décret de convocation de l’électorat le 4 juin 2025 », a-t-il déclaré.

Abordant la question des financements, il estime que le budget électoral actuel, qui ne couvre que les élections locales à six mois des scrutins présidentiel et législatifs, doit être réévalué d’urgence pour refléter les réalités opérationnelles.

S’il cite la loi dérogatoire du 17 mai 2025 suspendant l’article 18 du code électoral comme un indicateur des difficultés rencontrées par l’ANE, Yao Agbetsé souligne également des défis majeurs dans l’attribution des marchés liés au matériel électoral, au déploiement du personnel technique et au traitement des données électorales. « Le premier tour des élections présidentielle et législatives étant fixé au 28 décembre 2025, le registre électoral doit être finalisé avant le 28 septembre. Au rythme actuel, il est peu probable que ces délais soient respectés, ce qui ébranle la confiance dans le processus. Il est essentiel d’agir rapidement », a-t-il averti.

En dressant ce tableau critique de la capacité de l’ANE à respecter les délais électoraux, l’expert indépendant de l’ONU appelle à une refonte institutionnelle de l’ANE et de ses antennes locales, afin de renforcer leurs capacités techniques, organisationnelles et stratégiques, tout en assurant une gouvernance interne plus transparente. Une position également défendue depuis quelque temps par le Bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC), qui exige des réformes au sein de l’ANE et du Conseil constitutionnel comme condition préalable à sa participation aux élections.

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