Lundi 28 juillet, l’on a célébré la journée mondiale contre l’hépatite. Occasion pour le ministère centrafricain de la Santé de présenter les statistiques de cette maladie sournoise dans le pays.
« Les hépatites virales constituent la deuxième cause de décès dans le monde, avec 1,3 millions de décès par an », a déclaré lundi, Pierre Somsé, ministre de la Santé, citant les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il indique que ce chiffre est en hausse par rapport à 2019 où l’on avait enregistré 1,1 millions de morts liés aux différentes formes d’hépatites.
Pour ce total, 83% des décès sont causés par l’hépatite B et 17% par l’hépatite C. Pierre Somsé ajoute qu’en plus des décès, plus de 500 millions de personnes souffrent d’infections chroniques dues aux virus de l’hépatite B ou C. Ces infections chroniques sont à l’origine de 57% des cas estimés de cirrhose du foie et de 78% des cas de cancers primitifs du foie.
Des chiffres inquiétants pour la Centrafrique

En République centrafricaine, le profil épidémiologique et les facteurs de risques d’hépatites virales doivent encore être déterminés et décrits selon le ministère de la Santé. Mais en 2022, l’OMS estimait la prévalence de l’hépatite B à 11,3%, soit plus 644.000 personnes atteintes de cette maladie et 0,3% de taux de prévalence pour l’hépatite C, soit plus de 15.000 personnes contaminées pendant la même période.
Pour cette année 2025, alors qu’on est qu’au début du deuxième semestre, plus de 12.000 personnes ont été diagnostiquées positives à l’hépatite B. Selon le ministre de la Santé, des études récentes révèlent qu’un habitant sur 10 est touché par les hépatites virales. 9% des personnes sont porteuses chroniques de l’hépatite B à Bangui. Plus de 5% des jeunes et au moins 18% des femmes enceintes sont infectées par l’hépatite B ou C. Un autre chiffre inquiétant, 16,7 % de donneurs de sang à Bangui sont testés positifs à l’hépatite B.
Les mêmes études avancent un taux de prévalence important de ces maladies virales en province : les préfectures de la Ouaka, du Bamingui-Bangoran (centre) et de la Vakaga (nord-est) cumulent à elles seules, 16% du taux de prévalence de la population générale. En juin 2024, une épidémie d’hépatite C avait été déclarée à Sikikédé dans la Vakaga. 60 personnes avaient été testées, 6 cas confirmés pour 3 décès.
« Ces données non-exhaustives témoignent l’ampleur préoccupante d’hépatites virales sur le territoire national, aggravant le défi majeur de santé publique pour lesquels une mobilisation nationale est impérative », affirme Pierre Somsé.
Une réponse faible, difficile prise en charge
Devant ces statistiques sombres et inquiétantes des hépatites virales en Centrafrique, les moyens de riposte restent en déphasage avec l’ampleur du danger. La prise en charge a été jusque-là faiblement assurée. Le ministre de la Santé évoque « Des difficultés dans l’offre de service pour la prévention, le diagnostic et la prise en charge. Tout est centralisé à Bangui », dit-il. Selon l’OMS en 2022, sur plus de 15600 cas diagnostiqués d’hépatite B, seulement 2400 ont été traités. Aucun des 2128 patients atteints d’hépatite C n’a été traité en 2022.
Le ministre de la Santé annonce un plan à l’horizon 2023 pour rendre disponible les médicaments et les réactifs accessibles sur le budget de l’Etat. C’est un plan de triple élimination (Vih, syphilis et hépatite) qui est déjà élaboré et attend une validation politique. Ce plan propose entre autre le dépistage de toutes les femmes enceintes pour les différentes formes d’hépatite, de fournir des traitements gratuits et d’introduire une dose de naisse de la vaccination à l’hépatite B dans le programme national de vaccination.
Pour Pierre Somsé, « Il faut agir d’urgence pour venir à bout des obstacles financiers », en lien avec le thème choisi cette année : hépatite, faisons tomber les barrières.
Pour plus de précisions, écoutez notre magazine de santé consacré aux différentes formes d’hépatites et leur manifestation.
