Urgence humanitaire : une dizaine de milliers de réfugiés centrafricains crient au secours à Mole en RDC
Des réfugiés centrafricains dans un camp en République démocratique du Congo : Photo : Tous droits réservés.

Urgence humanitaire : une dizaine de milliers de réfugiés centrafricains crient au secours à Mole en RDC

Installés depuis 2013 dans le camp de Mole en République démocratique du Congo, des milliers de réfugiés centrafricains font aujourd’hui face à une crise humanitaire alarmante. La suspension récente de l’aide humanitaire, notamment celle de l’USAID, aggrave une situation déjà fragile.

Arrivés en 2013 dans la région de Zongo, à la suite du conflit entre les rebelles Séléka et le gouvernement de Bangui, les réfugiés centrafricains vivaient jusqu’à récemment sous assistance humanitaire. Mais en juillet dernier, cette aide a été suspendue. Une décision aux lourdes conséquences pour les quelque 10’000 personnes vivant dans le camp de Molé. La décision de l’agence américaine USAID de cesser ses financements à plusieurs ONG actives sur place, notamment AIDES et ADCC, a bouleversé les mécanismes d’assistance mis en place depuis des années. « Cette suspension a un impact très significatif, surtout dans le secteur de la santé. La qualité des soins est directement liée à l’approvisionnement en médicaments. Depuis l’arrêt des financements, nos activités sont fortement perturbées », explique docteur Jacques Ndawele, responsable de l’antenne locale de l’ONG AIDES.

Privés de soutien, les réfugiés racontent un quotidien de plus en plus difficile. Certains tentent de survivre en offrant des services de ménage ou de lessive dans la communauté locale, mais cela ne suffit pas à subvenir à leurs besoins. « Des réfugiés meurent sans être pris en charge, d’autres sont malades et n’ont pas accès aux soins. C’est vraiment terrible », témoigne Mahmat Daoudou, l’un des habitants du camp. Cette situation pèse également sur la cohésion sociale et la stabilité du camp. Yolande Bembi, 47 ans et mère de 11 enfants, se souvient des premiers temps de leur arrivée : « Nous recevions une aide en espèces, ce qui nous permettait de survivre. Aujourd’hui, ce n’est plus possible », déplore-t-elle.

Un possible retour au pays ?

Face à cette impasse, certains réfugiés évoquent l’idée d’un retour volontaire en Centrafrique. Pour Idriss Kadhafi, coordinateur des réfugiés centrafricains à Molé, le rapatriement pourrait être envisagé si les conditions sont réunies. « Nous sommes prêts à rentrer. Il n’y a plus de véritable prise en charge ici. Comment peut-on continuer à vivre hors de chez soi dans la souffrance ? », s’interroge-t-il.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 10.000 réfugiés centrafricains vivent actuellement dans les camps de Molé, dont environ 6.000 femmes. Le rapport publié le 3 janvier 2025 alerte sur la détérioration rapide des conditions de vie sur le site d’accueil de Mole.

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