Centrafrique : le CICR tire la sonnette d’alarme sur la malnutrition dans les prisons
Les mains d’un détenu derrière les barreaux d’une geôle. Image illustrative

Centrafrique : le CICR tire la sonnette d’alarme sur la malnutrition dans les prisons

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’inquiète de l’état nutritionnel alarmant dans plusieurs établissements pénitentiaires de la République centrafricaine. L’organisation a réuni, les 16 et 17 octobre à Bangui, les responsables des maisons carcérales afin de trouver des solutions pour améliorer les conditions de vie des détenus.

Face à cette situation jugée préoccupante, le CICR a récemment organisé une session de formation destinée aux responsables des prisons de Bambari, Bouar et Bangui dans l’objectif d’améliorer la chaîne alimentaire dans ces lieux de détention. « C’est par vagues, mais il y a des moments où on a des pourcentages qui sont assez élevés. On considère la situation inquiétante quand le taux de malnutrition dépasse les 30%. Mais, même en dessous de ce seuil, nous intervenons. Il est essentiel d’accompagner les autorités pour renforcer la qualité du régime alimentaire en détention », a expliqué Monica Rinaldi, nutritionniste régionale pour l’Afrique au CICR.

Les conséquences de cette insécurité alimentaire sont visibles. À la prison de Ngaragba par exemple, les détenus ont, à plusieurs reprises, protesté contre la déficience de leurs rations. Pour Monica Rinaldi, la situation ne peut pas rester sans réponse. « Depuis 2018, nous avons mis en place un programme nutritionnel à Ngaragba. Il prévoit une bouillie enrichie et la distribution d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, appelés ATPE », précise-t-elle.

Budget dérisoire et surpopulation carcérale

La Plateforme d’appui aux réformes du système pénitentiaire en RCA (PARSP-RCA) se joint à cet appel à l’action. Sa coordinatrice, Chantal Touabéna, critique le budget alloué à l’alimentation des prisonniers. « Le montant décaissé par détenu est dérisoire. Il ne dépasse parfois même pas 100 francs CFA, alors qu’un repas équilibré est essentiel à la santé », affirme-t-elle.

Outre le manque de moyens, la surpopulation dans les établissements pénitentiaires aggrave les difficultés. Elle empêche notamment toute mise en œuvre efficace d’un programme nutritionnel adapté. Face à ces constats, le CICR et plusieurs acteurs de la société civile demandent aux autorités centrafricaines d’agir rapidement pour garantir le respect des droits fondamentaux des personnes détenues, à commencer par l’accès à une alimentation digne.

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