Centrafrique : la vente du carburant ne profite pas à l’Etat mais à un réseau « crimino-dépendant », selon Global Initiative
Une vue de la station-service Total de Pétévo dans le 6e arrondissement de Bangui. Photo : RNL/Hugues Florentin Namkoïssé.

Centrafrique : la vente du carburant ne profite pas à l’Etat mais à un réseau « crimino-dépendant », selon Global Initiative

L’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, connue sous le nom de Global Initiative, alerte sur la mainmise de réseaux criminels sur le secteur pétrolier en République centrafricaine. Dans un rapport publié début novembre, l’organisation dénonce une gestion opaque qui ferait perdre des milliards de francs CFA à l’État, avec de lourdes conséquences sur la vie quotidienne des Centrafricains.

Selon Global Initiative, le système d’approvisionnement en carburant en Centrafrique est contrôlé par des groupes puissants et des acteurs liés à des intérêts politiques. Ces réseaux auraient transformé l’importation et la distribution du carburant en un véritable outil d’enrichissement personnel. Résultat : des pénuries fréquentes, des produits de mauvaise qualité et des prix en constante hausse.

Des ruptures d’approvisionnement seraient parfois volontairement provoquées pour faire grimper les prix. Les transporteurs, les commerçants et les familles sont les premières victimes de cette situation. Aujourd’hui, la Centrafrique est le pays où le carburant coûte le plus cher en Afrique centrale : 1050 francs CFA le litre d’essence et 1 250 francs CFA pour le gasoil.

Une gestion opaque qui coûte des milliards à l’État

Le rapport décrit un secteur « crimino-dépendant » où la corruption et les détournements fragilisent l’économie nationale. Les taxes ne sont pas correctement perçues, une grande partie du carburant circule par des voies illégales, et certaines autorités y ferment les yeux. Cette absence de régulation favorise une économie parallèle au détriment du trésor public.

Face à ce constat, Global Initiative recommande un audit indépendant du secteur pétrolier afin d’identifier les failles et les responsables. L’organisation suggère aussi de renforcer les contrôles sur l’importation, le stockage et la distribution du carburant, de sanctionner les auteurs de fraudes et de mettre en place un mécanisme de transparence des recettes pétrolières impliquant la société civile.

Silence du gouvernement

Pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore réagi. Ce rapport intervient dans un contexte politique tendu, à la veille des échéances électorales de 2025. En dénonçant la mainmise de réseaux criminels sur le secteur pétrolier, Global Initiative met en lumière les faiblesses persistantes de la gouvernance économique centrafricaine. Pendant ce temps, la population continue de payer le prix fort d’un système où le carburant, devenu rare et cher, pèse lourdement sur la vie quotidienne.

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