Souvenir : de l’argentique aux smartphones, la nostalgie des photos imprimées
Un photographe professionnel en train de prendre sa prise au stade B. Boganda de Bangui. Photo : Réseaux sociaux.

Souvenir : de l’argentique aux smartphones, la nostalgie des photos imprimées

Comme chaque 19 août à travers le monde, la République centrafricaine célèbre ce mardi, la Journée mondiale de la photographie. Un moment dédié à reconnaître la photographie comme art, outil scientifique et témoin de l’histoire. Mais à Bangui, cette journée a un goût amer pour de nombreux professionnels du secteur, fragilisés par la montée en puissance des technologies numériques.

Sur le site du Jardin du Cinquantenaire, en face du lycée Barthélemy Boganda à Bangui, plusieurs photographes patientent devant leurs kiosques, appareils en main. Parmi eux, Joslin Féizani, photographe depuis plus de 20 ans constate avec inquiétude une baisse d’activité. « Aujourd’hui, beaucoup utilisent leur téléphone Android pour prendre des photos. Et on perd des clients. Certains collègues ont déjà quitté le métier à cause de cette situation », déplore-t-il.

La concurrence des smartphones

Cette tendance inquiète de nombreux photographes, concurrencés par des smartphones toujours plus performants. Jerry Faragan, également installé sur le site, n’a pas peur de l’avènement des smartphones, mais, il met plutôt en valeur la qualité des photos produites par les appareils de photographie traditionnels. « On ne peut pas comparer la qualité d’un appareil photo professionnel à celle d’un téléphone. Le métier ne disparaîtra pas. Ceux qui abandonnent, ce sont ceux qui ne s’adaptent pas. »

Mais du côté des jeunes clients, les attentes évoluent. Pour Dieu-Béni, la praticité prime : « Aujourd’hui, plus besoin d’aller en studio. Tout peut se faire directement sur place avec un téléphone ». Même constat pour Alexandra, qui préfère le numérique pour des raisons économiques : « On imprime depuis chez nous. C’est plus rapide, plus simple et ça coûte moins cher. »

Malgré l’essor du numérique, certains restent attachés aux formats imprimés. Sandriya, habitante du quartier Boy-Rabe dans le 4è arrondissement de Bangui, en est convaincue : « Une photo imprimée, c’est un souvenir durable. Tu peux retrouver une photo de tes 7 ans à 30 ans. Sur un téléphone, en cas de vol, tout est perdu ». Un avis partagé par Augustine, qui a perdu toutes ses photos personnelles après le vol de son téléphone. Depuis, elle privilégie l’impression papier pour ses souvenirs : « Ce que j’ai imprimé, mes enfants pourront le retrouver et c’est plus sûr », dit-elle.

Entre renonciation et adaptation

Pour Djaouff, photographe de longue date, le métier est à un tournant :« Le numérique a bouleversé notre activité. On ne fait que des photos d’identité. Même lors des mariages, les gens se contentent de téléphones, parfois avec de mauvaise qualité d’images. »

Face à ces bouleversements, certains professionnels tentent de se réinventer à l’exemple d’Abed-Négo, qui a élargi son champ d’activité à l’infographie. « Je propose des cartes photo pour les anniversaires, mariages et autres grands événements. C’est ce qui nous permet de tenir », déclare-t-il.

Aujourd’hui les photographes sont très peu sollicités qu’ils l’étaient il y a 20 ans. Il ne leur reste que quelques évènements tels que mariage, deuil et cérémonies officielles. Ils sont sollicités pour des grands formats de photo.

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