Quai d’Orsay : Un rapprochement significatif entre Paris et journalistes centrafricains©RNL/Hypolyte Marboua
La délégation centrafricaine à Paris

Quai d’Orsay : Un rapprochement significatif entre Paris et journalistes centrafricains

6 journalistes centrafricains dont un représentant de Radio Ndeke Luka ont séjourné à Paris du 10 au 17 mai dans le cadre d’une visite d’information sur les médias en France.

Organisé par la Direction de la communication et de la presse du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, ce voyage de presse a pour but de découvrir le fonctionnement des médias en France. Il a aussi permis de sensibiliser ces professionnels de médias centrafricains à la vérification des informations.

 

Ce bref séjour d’information a été essentiellement marqué par la visite de plusieurs grands médias et des échanges avec des journalistes et d’autres catégories de professionnels des médias afin de fournir des informations complètes sur le fonctionnement des médias en France. Il s’agit de la visite de l’Agence France-Presse (AFP), agence de presse mondiale et généraliste d’origine française ; la visite de Jeune Afrique un hebdomadaire panafricain ; la visite à Africultures qui documente et critique les expressions artistiques contemporaines de l’Afrique et de sa diaspora ; la rencontre avec François Bonnet, directeur éditorial de Mediapart, un des rares sites d’actualité « tout en ligne » spécialisé dans le journalisme de qualité et d’enquêtes indépendantes et, l’entretien au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel – CSA (l’autorité publique française de régulation de l’audiovisuel) avec Raphaël Honoré, Rémi Paris, et Isabelle Mariani.

Au CSA, les journalistes centrafricains ont remis sur la table le débat sur le reportage de France24 tourné en début d’année à Ndélé (nord) et qui semblait faire l’apologie du terrorisme en mettant en exergue la capacité de nuisance du groupe rebelle FPRC de Noureddine Adam dans un contexte de recherche de stabilité par le pouvoir central. Les régulateurs français ont expliqué qu’ils n’ont jamais été saisis de cette diffusion. « Mais en pareille circonstance, il revient à l’autorité locale de régulation (ici le HCC), de prendre des mesures qui s’imposent pour sanctionner ces types de dérapages », a expliqué Rémy Paris, chargé de mission à la Direction des affaires européennes et internationales du CSA.
Une formation sur les infos et la sensibilisation à la vérification des informations a également été organisée par le Centre de Formation Professionnelle des Journalistes (CFPJ), une institution formant des journalistes reconnue pour sa rigueur et son professionnalisme.

La France accorde une place de choix au pluralisme des médias libres. « En France, les médias travaillent en toute liberté et toute indépendance », a expliqué Remi Maréchaux, Directeur Afrique et Océan Indien au Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. Il rassurait ainsi les journalistes au sujet de leurs apories selon lesquelles les médias français recevraient des orientations spécifiques de l’Elysée ou du Quai d’Orsay sur certains sujets concernant les ex-colonies françaises dont la RCA.

A l’occasion, M. Maréchaux a levé l’équivoque sur les accusations de divers ordres dont la France est l’objet en Centrafrique. « Il est regrettable que les centrafricains pensent que les problèmes de leur pays viennent de l’extérieur et que les solutions viendront de l’extérieur », a-t-il lancé pour couper court aux supputations.

 

Selon Remi Maréchaux, la France n’a pas un intérêt économique majeur en RCA. « Les échanges commerciaux entre la RCA et la France ne représentent que 0,003% du chiffre d’affaires français », précisant que « même si la France a obtenu le permis d’exploitation de l’uranium de Bakouma sur la période de 2006 à 2036, les activités d’exploitation ont été suspendues à cause de la baisse du coût d’uranium sur le marché mondial ».

 

A la question de savoir pourquoi la France est toujours présente dans le dispositif militaire en RCA, Remi Maréchaux explique que « la prédation instaurée par les groupes armés dans ce pays constitue un danger pour l’ensemble de la sous-région. C’est déstabilisant. D’où un engagement à plusieurs niveaux, notamment au sein de la Minusca, de l’EUTM, etc ».

 

La France accorde une importance particulière à la formation et à l’éthique journalistique. Elle s’est engagée à promouvoir la professionnalisation des acteurs des secteurs de l’information en République centrafricaine à travers un projet sur la durée.