Centrafrique : la danse traditionnelle à Béréngo, rite, bonheur et difficultés©RNL/Rolf Stève Domia-Leu
Le groupe de danse traditionnelle Yokiyo lors d'un concert hebdomadaire à Berengo en août 2021

Centrafrique : la danse traditionnelle à Béréngo, rite, bonheur et difficultés

Le bal hebdomadaire de Berengo est un moment magique dont les mélomanes ne se lassent jamais. Tous les samedis après-midi, des centaines de personnes se retrouvent sur la place publique pour vivre des spectacles rituels. Situé à 75 km de Bangui dans la Lobaye, ce village se caractérise par son amour et sa pratique de la danse. Un art qui se confronte malheureusement à des difficultés.

Le Gbadouma ou danse des génies bienfaiteurs est au cœur de l’ambiance tous les weekends à Berengo. Ce village d’environ 2000 habitants, compte une vingtaine de groupes de danses et de chants traditionnels. Selon son chef Daniel Zongba, la danse et le folkloreleurs permettent d’être en liaison avec leurs ancêtres.

« Lorsqu’une personne est malade, on la fait venir sur la place publique. Les groupes vont danser à tour de rôle pour la bercer avec de belles mélodies. Cela permet au guérisseur de mieux communiquer avec les ancêtres. Si les génies et les ancêtres sont contents, ils guérissent facilement » explique-t-il.

Ces groupes font danser les mélomanes tous les weekends. A en croire Germain Boffo, chef du groupe de danse traditionnelle Yokiyo, créé en 1930 par son arrière-grand-père, ces musiques sont jouées à l’occasion de diverses rencontres.

 « On nous sollicite pour animer des funérailles, des rencontres inter-villages, des mariages traditionnels, la naissance d’un bébé ou à l’occasion de la fête de l’indépendance », précise-t-il.

Bonté et joie de vivre… mais aussi difficultés

La danse traditionnelle a une grande signification pour les habitants de Berengo. « C’est pour nous une occasion de promouvoir les richesses de ce village à travers des instruments traditionnels tels que : le tam-tam, la harpe, le tambour, le balafon et biens d’autres qui tendent à disparaitre », déclare Angbo, un joueur de tam-tam âgé d’une trentaine d’années.

Sur la scène, les danseurs -femmes, hommes et enfants- montrent leur beauté et leur sensualité. Ils font du Louhoudou, du Gbadouma, du Kponingbo, du Motenguènè, du Ngargué… Des rythmes mouvementés et aimés par les spectateurs. Mais si ces pas de danse procurent de la joie, les acteurs de la danse traditionnelle sont confrontés à plusieurs difficultés d’ordre financier et structurel.

En Centrafrique, le paysage musical traditionnel n’est pas véritablement soutenu. Les artistes ne reçoivent pas de subventions du ministère des arts et de la culture et ne bénéficient pas du droit d’auteur. Ils se battent avec les moyens du bord pour créer des œuvres et faire valoir leur talent. Constitués pour la plupart d’une vingtaine de personnes, ces groupes évoluent grâce aux contributions de certains particuliers et à celles de personnes de bonne volonté.

A cela s’ajoute la concurrence avec les autres genres de musiques. Aujourd’hui, avec la mondialisation, certaines personnes préfèrent la musique moderne telle que la Rumba congolaise, l’Afrobeat ou encore le Hip-hop à la danse traditionnelle.

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