Centrafrique : des milliards générés par Al Madina Groups ne vont pas dans la caisse de l’Etat©Image d'illustration
Une vue du centre-ville de Bangui, capitale centrafricaine

Centrafrique : des milliards générés par Al Madina Groups ne vont pas dans la caisse de l’Etat

Selon plusieurs sources, l’argent généré par la société Al Madina ne va pas dans la caisse de l’Etat. Il s’agit non seulement des frais de la carte nationale d’identité (CNI), mais aussi ceux des titres de transport, délivrés par cette société. Il est difficile de dire, où vont ces milliards générés chaque année. Des sources à l’Assemblée nationale et au ministère des Finances ont confirmé à Radio Ndeke Luka, qu’aucune ligne relative à ces fonds n’existe. Pour sa part, la Haute autorité chargée de la bonne gouvernance promet d’ouvrir une enquête.

La révélation a été faite le samedi 10 septembre, lors du débat Patara de Radio Ndeke Luka, mettant en prise Martin Ziguélé, député de l’opposition et Maxime Balalou, ministre secrétaire général du gouvernement. Selon Martin Ziguélé, les frais d’établissement de la carte nationale d’identité n’apparaissent pas dans le tableau des recettes de l’Etat, adopté dans le budget en cours. Les députés membres de la commission finances, certifient que seulement, un peu plus de 8.000.000 francs CFA, représentant les frais de délivrance de la carte nationale d’identité et divers actes d’état-civil, entrent annuellement dans les caisses du Trésor public.

Aucune ligne dédiée à la CNI

« Les prévisions de recettes sont autour de 8.302.000 francs. Et si vous divisez ce montant par 6.500, qui est le prix d’une carte, vous aurez 1.270 cartes délivrées par année. Or, il devait y avoir une ligne de redevances sur la délivrance des cartes nationales d’identité qui reprend le reversement fait par Al Madina à l’Etat. Et cette ligne n’existe pas » a fait savoir Martin Ziguélé, député et ancien président de la commission finances à l’Assemblée nationale.

En plus de la carte nationale d’identité, la société Al Madina délivre des permis de conduire, des cartes grises, des autorisations de transport ainsi que des plaques d’immatriculation. Selon une source proche du ministère des Transports, de 2018 à 2021, les recettes générées par Al Madina pour la délivrance de ces titres de transport dépassent 2 milliards de francs CFA.

Au ministère des Finances, une source confirme qu’il n’existe aucune ligne de ces recettes dans la loi des finances 2022. « On s’interroge où va cet argent, car cela n’arrive pas au trésor », se demande notre source.

Un sujet sensible

Guy Samuel Nganatoua, président de la commission finances à l’Assemblée nationale, confirme cette information et parle de sujet sensible. Si cette affaire défraie encore la chronique en République centrafricaine, certains acteurs parlent de mafia autour de l’attribution de ce marché. A ce jour, le gouvernement n’est pas en mesure de donner des explications sur le contrat de concession qui le lie à cette entreprise, comme prévu par la loi.

Pour sa part, la Haute autorité chargée de la bonne gouvernance promet d’ouvrir une enquête.

« Nous avons toujours en tête de pouvoir garder le caractère classique de cette institution. Ne pas se précipiter sur les informations, de peur de se retrouver avec une fausse nouvelle. Ainsi, il nous faut d’abord investiguer, étudier et analyser avant de donner des conclusions qui s’imposent » a affirmé Guy Eugène Demba, président de la Haute autorité chargée de la bonne gouvernance.

L’attribution du marché de confection des documents administratifs à la société Al Madina divise l’opinion en République centrafricaine. La population éprouve d’énormes difficultés à se procurer de la carte nationale d’identité. Jusqu’à lors, Radio Ndeke Luka n’a pas pu recueillir l’avis du gouvernement sur cette affaire.

 

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