Centrafrique : l’Education menacée par le manque d’enseignants qualifiés à Birao©RNL/Rolf Stève Domia Leu
Vue d'une classe de CI à l'école primaire de Sékia Dalet dans la préfecture de l'Ombella Mpoko

Centrafrique : l’Education menacée par le manque d’enseignants qualifiés à Birao

Les écoliers de Birao, dans la Vakaga, aspirent à la réussite comme les autres enfants de la République Centrafricaine. Cependant, ils sont confrontés au manque criant d’enseignants qualifiés. Malgré tout, ces enfants gardent l’espoir avec beaucoup d’ambitions dans l’avenir.

Comme bon nombre de villes de la République centrafricaine, les problèmes d’enseignants qualifiés touchent aussi fortement la ville de Birao. La localité est l’une des régions dont l’Etat est quasiment absent à travers ses différents services. Pour illustration, Radio Ndeke Luka a visité début mars, l’école préfectorale de Birao, notamment la classe de CM2 qui compte près de 200 élèves.

Des enfants aux grands rêves

Nazaire Edouard, âgé de 11 ans, rêve de devenir président de la République s’il a les chances d’étudier dans de bonnes conditions.

« Je veux devenir président de la République pour améliorer les conditions de vie de la population, en assurant la sécurité pour tous dans le pays », déclare-t-il.

La concurrence entre les garçons et les filles est visible dans la salle. Et si Nazaire Edouard caresse le rêve de devenir président de la République, Droman Hassane, 12 ans, se voit journaliste pour informer.

« Moi, je souhaite devenir journaliste afin d’informer la population sur ce qui se passe dans le pays », fait savoir la jeune fille.

Un seul enseignant qualifié pour l’école préfectorale

Le nombre pléthorique d’élèves donne beaucoup de travail à l’unique enseignant qualifié de l’établissement scolaire.

« J’ai 140 élèves dont 60 filles. Mais nous enregistrons de plus en plus des cas de déperdition scolaire des filles qui se font marier précocement », fait remarquer Samedi Atim, instituteur et directeur de l’école préfectorale.

Pour pallier le manque d’enseignants, quelques ONG internationales avaient recruté des instituteurs pour dispenser des cours aux élèves mais faute de paiement, ils ont tous jeté l’éponge.

« Ce problème se pose avec acuité pour notre circonscription scolaire. Les enseignants employés par des ONG ont tous abandonné pour des arriérés de salaires. Du coup, je suis resté le seul enseignant qualifié pour tout l’établissement scolaire », précise Atim Samedi.

Des écoles tenues par des maître-parents

Les statistiques de l’inspection académique de la Vakaga donnent un pourcentage de 90 % d’établissements scolaires dont les enseignants ne sont pas qualifiés pour dispenser les cours. Selon l’inspection académique de la Vakaga, la préfecture compte 64 écoles pour plus de 2 000 élèves.

« Je vous assure que 90 % des écoles sont tenues et dirigées par des maître-parents. Il y en a qui sont directeurs. C’est eux qui tiennent le système éducatif dans la région », précise Igor Gbiabata, chef de la circonscription scolaire de la Vakaga.

Beaucoup d’élèves de Birao ont abandonné les études pour manque d’enseignants. La distance et les difficultés d’accès à Birao ne leur permettent pas de poursuivre les études ailleurs. Conséquences, nombreux entament une vie de famille.

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