Un avenir incertain pour les enfants centrafricains ?

« Un avenir incertain. Enfants et conflits en République centrafricaine ». C’est le titre du rapport que vient de publier le Conseil norvégien pour les réfugiés. Ce rapport a été présenté mercredi 18 mai 2011 à l’Alliance Française de Bangui. Il a été rédigé après une mission de 4 semaines sur le terrain. Il note qu’en RCA, les enfants sont confrontés à des abus et des violations graves de leurs droits humains. De nombreux groupes armés sévissent dans l’ensemble du pays, terrorisant les communautés et enlevant les enfants.

Le rapport évoque d’abord l’enlèvement d’enfants par  L’Armée de résistance du Seigneur, la LRA.  Les garçons enlevés à Obo, sont entraînés à l’emploi des armes et forcés de commettre des atrocités. Les filles, elles, sont forcées de faire des travaux domestiques et sont données comme esclaves sexuelles aux commandants de la LRA.

Deuxième sujet de préoccupation, le recrutement d’enfants soldats par la Convention des patriotes pour la justice et la paix. Tous les rapports indiquent que la CPJP continue de recruter des enfants, même si aucun chiffre n’est disponible sur le nombre d’enfants susceptibles d’avoir été recrutés.

Les Groupes d’autodéfense.  Les enfants recrutés par ces groupes à Bocaranga et Obo,  peuvent se retrouver en première ligne des combats. Ils sont obligés de travailler de nuit pour défendre leurs communautés et, par conséquent, incapables de fréquenter l’école pendant la journée.

Le rapport souligne également que les programmes DDR dans les villes de Paoua et de Bocaranga, ont facilité la libération de 535 enfants retenus par l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD). Mais des programmes de réintégration durable devraient être développés pour empêcher que les enfants libérés ne retournent vers la violence

Il y a enfin les attaques contre des écoles. En RCA, les groupes armés ont pillé, brûlé et détruit des écoles en attaquant des villages et ont occupé des écoles à des fins militaires, détruisant encore davantage un système d’éducation déjà fragile. Des enseignants ont été menacés ou attaqués et des écoles ont été fermées en raison de l’insécurité et du manque d’enseignants.

Somme toute, le rapport souhaite que la phase post-électorale actuelle offre une opportunité unique aux enfants de RCA. Ceux-ci ont presque tout perdu dans les conflits. Ils doivent reconquérir leur avenir.

 Le rapport fait donc le constat d’enlèvements d’enfants, de recrutement et d’emploi d’enfants. Occupation des écoles à fins militaires ou destruction d’établissements. Et à la suite de ces conclusions, le Conseil norvégien formule des recommandations.

La première recommandation est adressée au gouvernement de centrafricain. Il lui est demandé de renforcer les capacités des forces armées centrafricaines (FACA) en augmentant les effectifs des troupes et en équipant et déployant des troupes formées aux droits de l’homme dans des zones de déplacement où les communautés ont été obligées de créer des groupes d’auto dé­fense à cause de l’absence ou de l’insuffisance des capacités des forces de sécurité de l’Etat.

Ensuite le gouvernement devrait cesser d’apporter un soutien aux groupes communautaires d’autodéfense qui exercent des fonctions de sécurité attribuées légalement à l’armée. Veiller également à ce que ces groupes libèrent les enfants qu’elles ont recrutés

 Le gouvernement doit aussi veiller à ce que les groupes armés qui sont désormais ralliés le cadre de l’Accord global de paix de 2008 n’utilisent pas les bâtiments ou les biens scolaires comme des bases d’opérations militaires.

S’adressant à la CPJP, le rapport demande de négocier un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement. Et surtout de Libérer tous les enfants âgés de moins de 18 ans servant actuellement dans ses rangs et stopper tout autre recrutement et emploi d’enfants conformément aux obligations internationales. Et bien évidemment, la CPJP doit cesser toutes les attaques contre les écoles, les élèves, les enseignants et d’autres membres du personnel de l’éducation.

 Enfin, l’APRD doit cesser de son côté, d’utiliser les bâtiments ou les biens scolaires comme des bases d’opérations militaires. Il lui est également demandé de négocier, signer et mettre immédiatement en oeuvre un plan d’action avec l’ONU pour empêcher tout nouveau recrutement et emploi d’enfants soldats.