Centrafrique: Amnesty international recommande au gouvernement centrafricain de suspendre l’exploitation minière à Bozoum©Aurélio Gazzera
Vue d'un chantier minier aux abords de la rivière Ouham en 2019

Centrafrique: Amnesty international recommande au gouvernement centrafricain de suspendre l’exploitation minière à Bozoum

La République centrafricaine, pays d’Afrique centrale, où sa grande richesse réside dans son couvert forestier et dans son sous-sol (diamant, or, uranium) dispose d’un potentiel minier très important. En dépit du formidable potentiel minier et des gisements connus, seuls le diamant et l’or sont exploités pour la plupart, d’une manière artisanale. Cependant, l’on enregistre ces dernières années, avec l’arrivée de nouveaux investisseurs dont les chinois, une exploitation industrialisée. Force est de constater que ces exploitations crée un désastre énorme sur l’environnement. Suite à cela, Amnesty international conseille au gouvernement centrafricain de suspendre toutes activités minières à Bozoum.

Cette demande fait suite à la conclusion d’une enquête sur les impacts de la recherche d’or dans cette ville de Bozoum, située au Nord-ouest de la République centrafricaine, dans la préfecture de l’Ouham-Mpéndé. Pour cette organisation de défense des droits humains, il est urgent que l’Etat suspende ces activités et penser à prévenir les effets de cette exploitation sur la santé de la population locale. Dans un document de 16 pages bouclé en mars 2020 par l’organisation après des investigations, elle tire la sonnette d’alarme et implore le gouvernement à suspendre l’exploitation des mines d’or à Bozoum. Elle ajoute que le désastre écologique constaté sur le terrain est de nature à justifier l’arrêt immédiat et sans condition de ces exploitations.

« Les agissements de ces 4 sociétés chinoises d’exploitation aurifère en République centrafricaine pourraient mettre en danger les droits humains de milliers de personnes dans le pays. Le gouvernement centrafricain doit suspendre les activités de ces entreprises tout en enquêtant sur leur impact, et doit par ailleurs apporter aux populations locales toute l’aide qui leur est nécessaire », recommande le premier paragraphe du communiqué publié le vendredi 17 avril 2020.

En effet, Amnesty International a examiné trois rapports officiels publiés en 2019, qui font état d’inquiétudes sérieuses concernant les opérations d’exploitation aurifère. Deux des rapports sont basés sur des enquêtes menées par le gouvernement et le troisième s’appuie sur une investigation conduite par un groupe de parlementaires. Ces trois documents préconisent soit de suspendre les opérations des entreprises minières, mesure sur laquelle a insisté le rapport parlementaire, soit de mettre en place une série de dispositions pour lutter contre les impacts sociaux et environnementaux, comme ceux liés à l’utilisation présumée de mercure. Malgré ces recommandations, les quatre mines d’or continuent de fonctionner, a regretté l’organisation.

Selon Amnesty international, en analysant des images satellites, des photos et des vidéos, les activités de ces mines ont provoqué de grands changements le long de la rivière Ouham près de Bozoum. Dans un rapport commandé par le gouvernement centrafricain et remis fin juillet 2019, les scientifiques du laboratoire Lavoisier de Bangui, soutenus par l’Unesco, avaient relevé une concentration de mercure allant de 4 à 26 fois supérieure à sa valeur admissible dans les eaux de la rivière Ouham. La quasi totalité des habitants de Bozoum dépondent de cette rivière pour l’eau potable, la pêche et l’agriculture.

Pourtant, les autorités du pays, après avoir suspendu temporairement l’activité minière dans la région, ont permis de nouveau aux entreprises concernées de reprendre leur exploitation.

« En fin décembre 2019, les parlementaires centrafricains avaient ordonné la fin de l’exploitation aurifère par les entreprises chinoises à cause des inquiétudes suscitées par la dégradation de l’environnement. Mais le texte n’a toujours pas été signé par le président de l’Assemblée nationale et n’est donc pas encore entré en vigueur. Pendant ce temps, les entreprises minières continuent leurs activités », souligne Amnesty.

Cette inquiétude de destruction de l’environnement par des mines d’or à Bozoum était plusieurs fois soulevée par le prêtre Aurélio Gazzera soutenue par la population locale. Ce prêtre était qualifié d’artisan minier et de manipulateur par Bangui devant l’Assemblée nationale. La décision du gouvernement à suspendre définitivement les activités de ces entreprises chinoises d’exploitation minière tarde à venir pourtant l’attribution de leur permis d’exploitation n’est pas passée par l’Assemblée nationale selon les investigations d’Amnesty international.