Centrafrique : tension à Obo après le retour de 3 ex-chefs rebelles de l’UPC dans la ville©Minusca
Des casques bleus de la Minusca en République centrafricaine

Centrafrique : tension à Obo après le retour de 3 ex-chefs rebelles de l’UPC dans la ville

La tension est montée d’un cran, ce mercredi 02 février 2022 à Obo dans le Haut-Mbomou. En effet, les habitants ne regardent pas d’un bon œil la Minusca qui, selon eux, aurait transporté trois ex-chefs rebelles pour les ramener dans la ville. Une affirmation réfutée par la mission onusienne qui assure que ces hommes étaient mis en liberté par la Cour pénale spéciale.

Les trois hommes à l’origine du mécontentement d’une partie de la population et des autorités locales d’Obo, sont des membres du groupe armé UPC. Ils avaient été arrêtés en mai 2020 alors qu’ils menaient une attaque contre la ville d’Obo. Transférés quelques jours plus tard à Bangui, ils croupissaient à la prison centrale de Ngaragba en attente de leur jugement. Cependant, leur retour à Obo a créé de la peur et de la frustration. Pointée du doigt par une partie des habitants d’avoir transporté et ramené les trois hommes dans la ville, la mission onusienne a tenu, ce 02 février 2022, une réunion avec les notables. Cependant, celle-ci s’est soldée par un échec.

La Minusca accusée d’entretenir la crise sécuritaire

« Pour l’instant, il y a une mésentente entre la Minusca et nous. Les responsables de la Minusca n’ont pas pris le soin de nous contacter avant de ramener ces bourreaux dans la ville. Ils l’ont fait de leur propre gré. Ceci est inadmissible. On comprend désormais leur stratégie ; ils veulent nous maintenir dans la crise afin que leur mandat soit prolongé » a déclaré Barthélemy Mbonigui kperani, un notable de la ville d’Obo.

La Minusca, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, a donné quelques précisions sur cette affaire. Pour la mission onusienne, la CPS et les autorités du pays sont mieux placées pour apporter des éclaircissements sur cette affaire.

« C’est la Cour pénale spéciale qui les a libérés »

« Cette affaire n’a rien à voir avec la Minusca. Car, c’est la Cour pénale spéciale qui les a libérées. En tant que partenaire de l’Etat, nous ne traitons pas avec des individus. Je pense savoir que les services spécialisés de la Minusca n’ont pas été approchés par les autorités nationales pour un transfert. Il revient aux autorités nationales et locales de fournir des explications » a précisé Charles Bambara, directeur de la section Communication de la Minusca.

Si la Minusca réfute toute responsabilité dans cette affaire, en pointant du doigt la Cour pénale spéciale, les autorités locales appellent l’Inspection des services judiciaires à enquêter sur ce dossier en vue d’une parfaite clarification.

« Puisque la Minusca a pointé du doigt la Cour pénale spéciale, cette dernière doit s’expliquer sur cette situation. Qu’on nous sorte des éléments qui prouvent que ces gens-là étaient jugés puis acquittés. C’est pour cela que nous interpellons l’inspecteur des services judiciaires à se saisir de cette situation pour que lumière soit faite » implore Ernest Mizedio, député de Obo.

Contactée par Radio Ndeke Luka, la Cour pénale spéciale (CPS) indique que l’affaire est en instruction. Par ailleurs, elle souligne que dans les jours à venir, un communiqué officiel sera publié pour clarifier l’opinion sur la libération de ces personnes.

 

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