Centrafrique : le gouvernement conteste la conclusion de l’enquête de la Minusca sur le massacre de Boyo©RNL/Stéphane José Flémalé
Vue d'un quartier résidentiel de la capitale centrafricaine

Centrafrique : le gouvernement conteste la conclusion de l’enquête de la Minusca sur le massacre de Boyo

Après plusieurs mois d’enquête sur le massacre de Boyo dans la Ouaka, la Minusca publie enfin son rapport. Un document qui accable une fois de plus les Forces armées centrafricaines (Faca) et leurs alliés russes. De son côté, le gouvernement conteste l’intégralité du rapport tout en estimant que l’enquête ne répond pas aux exigences et à la rigueur de preuves judiciaires.

Le drame de Boyo (préfecture de la Ouaka) s’est produit entre les 06 et 13 décembre 2021. Selon le rapport de la mission onusienne en République centrafricaine, « des éléments armés, composés majoritairement d’anciens combattants de la milice Anti-balaka, mais aussi des dizaines de jeunes recrutés par les Forces armées centrafricaines (Faca) et leurs alliés, sont les auteurs de ce massacre de Boyo ».

Le document indique que des miliciens associés aux anciens Anti-balaka ont reçu une formation de la part des Forces armées centrafricaines et de leurs alliés russes, à Bambari dans la Ouaka avant de commettre ce forfait.

Au moins une vingtaine de morts

L’attaque, selon les enquêteurs, a entraîné la mort d’au moins 20 personnes, y compris 3 garçons ainsi qu’une fillette de 12 ans. Au moins 12 autres civils ont été blessés à l’arme blanche. « Au cours de ces violences armées, près de 550 maisons d’habitation ont été pillées, des biens ainsi que des stocks de nourriture ont été incendiés. Par ailleurs, plus d’un millier de personnes ont dû trouver refuge dans la base temporaire de la Force de la Minusca », précise le rapport. 

Le contre-pied du gouvernement

La réaction du gouvernement centrafricain a été immédiate. Le ministre d’Etat à la justice, Arnaud Djoubaye Abazène, dans une note adressée à la Minusca le 27 avril dernier, a aussitôt rétorqué. De prime abord, les autorités de Bangui ont estimé que l’enquête ne répond pas aux exigences et à la rigueur de preuves judiciaires. A en croire le ministre d’Etat, « Il s’agit d’un incident impliquant les milices Anti-balaka et les rebelles de l’UPC, basés dans la région. Les Faca et leurs alliés ne sont pas directement impliqués dans ce forfait ».

La note mentionne que le responsable de ce groupe armé est identifié. Il s’agit du prénommé Edmond. Selon le membre du gouvernement, une enquête est déjà ouverte par le parquet de Bambari afin de faire la lumière sur ce massacre. Toutefois, conclut la note, le gouvernement centrafricain « sollicite la collaboration de l’unité de police judiciaire de la Minusca pour faciliter les investigations judiciaires », qu’il a déjà entamées.

 

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